(Actualisé avec détails)

par Julien Toyer

MADRID, 24 août (Reuters) - Un policier belge avait prévenu un membre de la police catalane que l'imam Abdelbaki Es Satty, cerveau présumé des attentats de Barcelone et de Cambrils, était suspect, a-t-on appris de source proche de la Généralité de Catalogne.

"La conversation entre les deux policiers n'étaient pas officielle. Ils se connaissaient, ils s'étaient rencontrés lors d'un séminaire de police", a-t-on déclaré à Reuters.

Les rapports de police ne mentionnent pas Abdelbaki Es Satty, poursuit-on, ajoutant que les services de sécurité catalans, les Mossos d'Esquadra, ne communiquent avec les polices étrangères que par l'intermédiaire du gouvernement espagnol.

On ignore encore si la police catalane a mené sa propre enquête.

Les autorités catalanes n'étaient au courant d'aucune enquête sur l'imam ou de la menace qu'il représentait, a dit jeudi le ministre catalan de l'Intérieur, Joaquim Forn, cité par l'agence EFE.

Abdelbaki Es Satty a passé trois mois l'an dernier à Vilvorde, au nord de Bruxelles, ville considérée comme un foyer de l'islam radical.

Il est ensuite parti en Catalogne, afin de devenir imam de la petite ville de Ripoll, où est il est suspecté d'avoir recruté et radicalisé la plupart des membres de la cellule terroriste à l'origine des attaques.

Hans Bonte, maire de Vilvorde, a dit la semaine dernière que la police belge avait enquêté sur l'imam et avait fourni des informations à son sujet à la police espagnole.

UN SUSPECT REMIS EN LIBERTÉ

La police de Barcelone lui a répondu le 8 mars qu'Abdelbaki Es Satty n'avait "aucun lien avec des groupes terroristes", a dit Hans Bonte, cité jeudi par El Pais.

La justice espagnole a remis en liberté jeudi un autre des quatre suspects interpellés dans le cadre l'enquête, Salh El Karib, qui a interdiction de quitter le territoire et a dû remettre son passeport aux autorités.

El Karib gérait un café internet à Ripoll, la petite ville proche de la frontière française où résidaient la plupart des membres de la cellule terroriste.

El Karib a acheté un billet d'avion pour Es Satty pour un vol le 15 octobre et deux billets pour un autre suspect Driss Oukabir pour des vols les 12 et 13 août, quelques jours avant l'attaque.

Le document de la justice ne précise pas les destinations de ces billets mais la presse espagnole rapporte que Oukabir, qui a loué le véhicule bélier utilisé à Barcelone, était rentré en Espagne depuis le Maroc le 13 août.

Le juge Fernando Andreu a accepté l'explication fournie par El Karib selon laquelle il acheté les billets pour le frère de Oukabir, âgé de 17 ans, parce que celui-ci ne disposait pas de carte de crédit.

Le juge Andreu avait décidé mardi de maintenir en détention Driss Oukabir et Mohamed Houli Chemlal pour meurtre et appartenance à une organisation terroriste.

Des erreurs de procédures et un manque de communication ont peut-être empêché la police espagnole de déjouer l'attentat à la fourgonnette qui a coûté la vie à 13 personnes dans le centre de Barcelone la semaine passée. (Julien Toyer, Arthur Connan pour le service français, édité par Jean-Philippe Lefief)