1/ INQUIETANT SEPTEMBRE

Pour autant, septembre regorge de facteurs de risque: réunions de banques centrales, sommet du G20 et données déterminante - sans compter qu'il s'agit historiquement du pire mois de l'année pour le S&P 500.

Tour d'horizon de l'agenda des marchés ces prochains jours.

Après la conférence de la Réserve fédérale (Fed) à Jackson Hole, les investisseurs se préparent à un mois volatil.

Le S&P 500 a tendance à afficher sa plus mauvaise performance en septembre, avec une baisse moyenne de 0,7% sur le mois, selon les données de la CFRA compilées depuis 1945.

Les catalyseurs de volatilité ne manquent pas: l'inflation américaine attendue le 13 septembre devrait confirmer la décrue des prix à la consommation et la résistance de la croissance, qui a stimulé les actions pendant la majeure partie de l'année.

Les investisseurs scruteront par ailleurs le message du président de la Fed, Jerome Powell, après la réunion de la banque centrale du 20 septembre, afin de déterminer les risques d'une nouvelle hausse cette année.

Un quatrième "shutdown" du gouvernement américain en dix ans est également possible si les législateurs ne parviennent pas à s'entendre avant le 30 septembre, date à laquelle le plafond des dépenses pour l'année sera atteint. Côté indicateurs macroéconomiques, l'activité du secteur des services américain est attendue mercredi.

En Europe, la Banque centrale européenne (BCE) devra décider le 14 septembre de relever une nouvelle fois ses taux ou de les mettre en pause. Les opérateurs de marché estiment que l'inflation persistante et un marché du travail résistant justifient une nouvelle hausse de taux avant la fin de l'année.

Les indicateurs PMI d'activité attendus mardi devraient confirmer le ralentissement de l'économie européenne, ce qui compliquera la tâche de la banque centrale, confrontée à une dynamique de prix toujours supérieure à sa cible alors que la probabilité d'une récession s'accroît.

2/ L'HOMME MALADE DE L'EUROPE

L'Allemagne devrait être la seule grande économie à entrer en récession cette année. L'activité commerciale s'est contractée en août au rythme le plus rapide depuis plus de trois ans, le climat des affaires s'est détérioré et l'économie a stagné au deuxième trimestre.

Il n'est pas étonnant que le moteur économique de la région soit à nouveau considéré comme l'homme malade de l'Europe.

Les données du commerce extérieur lundi, celles sur les commandes industrielles de juillet (mercredi) et sur la production industrielle (jeudi) ainsi que les chiffres définitifs sur l'inflation (vendredi) pourraient renforcer cette perception et inciter la BCE à laisser ses taux inchangés en septembre.

La coalition allemande vient d'approuver un programme d'allègement de l'impôt sur les sociétés de 7 milliards d'euros par an afin de donner à l'économie ce que le chancelier Olaf Scholz a qualifié de "grand coup de pouce".

Mais les économistes sont sceptiques, notant que le paquet ne représente que 0,2% du PIB et ne changera pas la donne.

3/ UN G20 PLUS ENCOURAGEANT?

Les progrès réalisés cet été pour parvenir à un accord sur le cadre de gestion de la dette de pays émergents en défaut de paiement ou proches de l'être ont soutenu les obligations souveraines du Pakistan, du Sri Lanka, du Ghana et de la Zambie.

Cette embellie pourrait, lors du sommet du G20 à Delhi, encourager les efforts en cours pour résoudre la crise de la dette persistante et préjudiciable aux pays en développement.

Les institutions multilatérales et les pays créanciers ont profité de la plupart des rencontres internationales pour affiner l'accord sur le cadre commun, censé faciliter et accélérer la sortie du surendettement.

Mais l'absence du président chinois Xi Jinping à Delhi pourrait peser sur les discussions. Ces dernières années, la Chine est devenue le principal bailleur bilatéral de certains pays en développement, et sa réticence à faire des concessions plus importantes dans le cadre des efforts de restructuration a été un point de friction essentiel.

4/ TRANSITION EN DOUCEUR

La Banque centrale d'Australie devrait maintenir ses taux inchangés pour la troisième réunion consécutive mardi, alors que le gouverneur Philip Lowe se prépare à passer le relais à son adjointe Michele Bullock.

Un net ralentissement de l'inflation laisse présager de perspectives plus simples pour Bullock, le mandat de Lowe ayant été marqué par de douloureux retours en arrière et de changements brusques qui lui ont coûté un second mandat.

Les taux sont au plus haut depuis 11 ans, à 4,1%, après un resserrement de 400 points de base depuis mai 2022. Les traders estiment qu'il s'agit du pic des taux, l'inflation ayant diminué de manière inattendue pour atteindre moins de 5% en juillet, un plus bas sur 17 mois.

Tout ne sera pas rose pour autant. Les risques économiques en Chine, le principal partenaire commercial, s'intensifient au moment même où les choses semblent s'améliorer.

5/ LA BANQUE D'ANGLETERRE SUR LA CORDE RAIDE

L'économie britannique ralentit-elle suffisamment pour que la Banque d'Angleterre (BOE) mette fin à sa lutte contre l'inflation ?

Les ventes au détail au Royaume-Uni pour le mois d'août, mesurées par le British Retail Consortium et publiées mardi, pourraient confirmer la prudence des consommateurs, exprimée par d'autres indicateurs.

Le sentiment s'est dégradé parallèlement au ralentissement du marché de l'immobilier, après 14 augmentations consécutives de taux. Les données mensuelles sur les prix de l'immobilier publiées par Halifax jeudi indiqueront si le secteur de l'immobilier résidentiel britannique s'est encore affaibli.

Mais l'économie, qui a résisté jusque là aux anticipations de récession, dispose encore de soutiens.

L'inflation globale est tombée à 6,8% en juillet, les coûts de l'énergie devraient baisser à partir d'octobre et les salaires réels sont désormais en croissance.

Si cela incite les Britanniques à retourner dans les magasins, cela pourrait renforcer la détermination de la BoE à rester ferme sur l'inflation.

(Ira Iosebashvili à New York, Kevin Buckland à Tokyo, Dhara Ranasinghe, Libby George et Naomi Rovnick à Londres, compilé par Amanda Cooper, version française Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)