TOKYO, 5 juin (Reuters) - Quarante mille manifestants, selon les organisateurs, se sont rassemblés dimanche dans le centre de Tokyo pour réclamer la démission du Premier ministre japonais, le conservateur Shinzo Abe, et l'abrogation d'une loi autorisant les forces d'autodéfense (armée) à participer à des missions de combat à l'étranger.

Les manifestants, parmi lesquels bon nombre de personnes âgées, se sont retrouvés devant le parlement et dans un parc avoisinant, et ont brandi des pancartes avec des slogans comme "Démission du gouvernement Abe!" et "Les citoyens changent la politique". La police n'a pas publié de chiffre de participation à la manifestation.

Des militants d'extrême droite ont tenté de s'approcher du rassemblement mais ont été refoulés par les forces de police.

Lors d'un rassemblement anti-Abe analogue tenu au même endroit en août dernier, les organisateurs avaient parlé de 120.000 participants.

La nouvelle manifestation se tient à un mois environ des élections du 10 juillet à la chambre haute (chambre des conseillers, ou Sénat) de la Diète (parlement). Les partis d'opposition espèrent empêcher alors la coalition au pouvoir de remporter la majorité des 121 sièges à renouveler, sur un total de 242 à la chambre des conseillers, où Shinzo Abe dispose déjà de la majorité absolue.

A la chambre basse, la coalition au pouvoir peut s'appuyer sur une "super-majorité" des deux tiers.

Selon un sondage publié lundi par le quotidien Nikkei, la cote de popularité de Shinzo Abe a gagné trois points, à 56%, à la suite du sommet du Groupe des sept (G7), puis de la visite historique de Barack Obama le 27 mai à Hiroshima, où l'a accompagné le chef du gouvernement nippon.

Mercredi dernier, Shinzo Abe a annoncé sa décision, largement attendue, de reporter de deux ans et demi une nouvelle hausse de la TVA. Il a demandé en conséquence aux Japonais de lui donner mandat à la chambre haute pour appliquer ce projet.

Mais certains partis de l'opposition craignent qu'une trop nette victoire des conservateurs le 10 juillet n'encourage Shinzo Abe à aller plus loin dans son projet de révision de la Constitution pacifique hérité de la période d'occupation américaine, après la Seconde Guerre mondiale. (Kiyoshi Takenaka, Thomas Peter et Linda Sieg; Eric Faye pour le service français)