Par Daniel Trotta et Richard Cowan

Les sénateurs ont voulu adresser un message sans ambigüité aux marchés financiers, approuvant par 74 voix contre 25 la nouvelle mouture du plan élaboré par le secrétaire du Trésor, Henry Paulson.

Cette première étape franchie, les représentants vont devoir se pencher une seconde fois sur le texte -sans doute vendredi à 12h00 (16h00 GMT)- dont ils avaient rejeté la première version lundi.

Outre le déblocage de 700 millions de dollars destinés à purger les marchés des actifs douteux, le plan contient des dispositions de réduction d'impôts et un relèvement du plafond de garantie des dépôts bancaires qui passe de 100.000 à 250.000 dollars.

Le plan doit permettre de stabiliser les marchés du crédit et du crédit interbancaire, afin d'éviter que la crise financière ne plonge l'économie américaine dans une dépression.

Alors que les représentants républicains avaient été montrés du doigt lors du rejet intervenu lundi, le président américain George Bush a salué le travail bipartisan qui a conduit à l'adoption par les sénateurs.

Dans un communiqué, Bush a de nouveau insisté sur la nécessité que la chambre basse américaine suive l'exemple donné par la chambre haute.

"Avec les améliorations que le Sénat a apportées, je crois que les membres des deux partis à la Chambre des représentants peuvent soutenir cette loi", a estimé Bush.

"Le peuple américain attend - et notre économie le requiert - de la Chambre qu'elle adopte ce texte cette semaine et l'envoie sur mon bureau" pour promulgation, a-t-il ajouté, expliquant que le plan était "essentiel pour la sécurité financière de chaque Américain".

Le secrétaire au Trésor Henry Paulson s'est joint à la Maison blanche pour exhorter les représentants à adopter un plan qui "envoie un signal positif" sur la volonté fédérale de "protéger l'économie américaine".

"CATASTROPHE SI NOUS NE FAISONS RIEN"

Le chef de file de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, a dit s'attendre à ce que les représentants apportent leur soutien à ce plan sans précédent.

L'amendement ajouté par le Sénat a permis un vote largement favorable mercredi et le démocrate Barney Frank, président de la commission des Services financiers à la Chambre, semblait croire qu'il changera la donne pour les représentants, au même titre que leur prise de conscience sur la gravité de la situation.

"C'est encore incertain. Je crois que son adoption est désormais plus probable", a-t-il dit sur CNN. "Le principal changement, c'est la réalité. Je crois qu'il n'est maintenant plus possible de négliger la possibilité d'une catastrophe si nous ne faisons rien."

Ce vote, qui ne constitue qu'une étape intermédiaire, n'a pas réussi à rassurer les marchés. A Tokyo, le Nikkei a cédé 1,88% pour clôturer à son plus bas niveau depuis trois ans.

"Même si le plan est adopté, l'inquiétude continuera de persister sur les perspectives globales de l'économie. Il y a donc peu de chances de voir les marchés financiers se stabiliser", a indiqué un économiste à Tokyo.

"Nous sommes dans une situation totalement différente désormais. Toutes les mesures que les autorités américaines peuvent prendre ne visent qu'à éviter un effondrement général", a-t-il dit.

FISCALITÉ ÉCOLOGIQUE

Rejeté lundi dans sa forme initiale par la Chambre des représentants, le texte, voté dans l'urgence, exigeait une majorité qualifiée de 60 voix sur 100.

L'amendement adopté avant le vote introduit plusieurs réductions ou crédits d'impôts pour les investissements dans les énergies propres ou l'utilisation de carburants alternatifs.

Il prévoit en outre d'autres mesures fiscales en faveur des entreprises ainsi que la prorogation d'un an d'un dispositif permettant à plusieurs millions d'Américains de ne pas payer d'impôts supplémentaires.

"Ce serait malheureux si ce Congrès n'adoptait pas ces (mesures) fiscales", a souligné le sénateur démocrate Harry Reid. "Elles ne visent pas les plus aisés, mais les gens qui travaillent pour vivre."

Des industries des énergies renouvelables, des organisations écologistes et des défenseurs de la santé publique avaient écrit mercredi aux parlementaires américains pour soutenir ces mesures.

Version française Grégory Blachier et Pierre Sérisier