Paris (awp/afp) - Carrefour a réalisé un premier semestre 2023 marqué par une progression de son chiffre d'affaires sur fond d'inflation malgré des "conditions de marché difficiles" au Brésil, et par la hausse de sa marge opérationnelle en France, où il vient d'annoncer le rachat des magasins Cora et Match.

Les ventes de Carrefour ont progressé de 8% pour atteindre 45,4 milliards d'euros sur le semestre. Le géant de la distribution avait annoncé l'an dernier un chiffre d'affaires de 43,3 milliards d'euros sur le premier semestre 2022, mais a retraité ce chiffre à 42 milliards après la cession de Carrefour Taiwan.

Cette cession, annoncée mi-2022, et sa "plus-value comptable" enregistrée sur cet exercice, expliquent en grande partie la forte hausse du bénéfice net du groupe, passé de 255 millions d'euros sur le premier semestre 2022 à 867 millions d'euros cette année.

Le groupe avait vendu mi-2022 sa part de 60% dans la dernière activité qu'il avait en Asie à Uni-President, son "partenaire et coactionnaire de longue date" dans le pays.

Marge opérationnelle en hausse

Carrefour a surtout insisté sur la "forte hausse" de son résultat opérationnel courant (ROC) et de sa marge opérationnelle en France. Le premier indicateur a progressé de 39% en France à 270 millions d'euros, indique le groupe.

L'expert du secteur Olivier Dauvers avait plus tôt mercredi estimé sur son site "Le Web Grande Conso" que le groupe "n'a pas traîné pour répercuter les hausses" de prix à l'issue des négociations avec ses fournisseurs en début d'année, et jugé que l'indice relatif par rapport au leader du secteur E.Leclerc s'était "dégradé". "En clair, Carrefour est cher parce que Carrefour soigne ses marges", écrivait-il.

Interrogé sur ce constat mercredi lors d'un point presse téléphonique Matthieu Malige, directeur exécutif finances et gestion du groupe, a répondu que "cela fait trois ans que Carrefour gagne des parts de marché, ce qui est quand même le juge de paix et signifie que les consommateurs considèrent que l'offre commerciale est attractive, plus que celle de l'ensemble du marché".

Carrefour est numéro 2 du secteur de la grande distribution en France, avec environ 20% de parts de marché contre 23,5% pour E.Leclerc, selon les données de Kantar Worldpanel publiées par le média spécialisé LSA.

Le groupe qui comptait à fin 2022 335.000 salariés dans le monde dont 174.000 en Europe a annoncé mi-juillet un accord pour racheter les enseignes Cora et Match en France, qui pèsent environ 2,4% du marché pour un total de 24.000 salariés.

Cette opération doit le renforcer commercialement mais est observée avec inquiétude par les représentants du personnel. La branche "Services" de la CFDT "sera particulièrement attentive sur l'évolution des conditions de travail des salariés" des différentes enseignes, a-t-elle averti.

Location-gérance

Carrefour, qui a multiplié ces dernières années le passage de magasins en franchise ou en location-gérance (ce qui revient à en externaliser la gérance), ne communique plus sur le nombre de personnes qu'il emploie en France. La CFDT estime que ses effectifs y ont fondu de 115.000 à 85.000 depuis 2018.

Fin juin, le groupe avait annoncé prévoir jusqu'à 979 départs volontaires au niveau de ses sièges en France sur "la base du strict volontariat". Des réductions d'effectifs sont également prévues au niveau européen mais ne sont pas encore connues.

Si l'activité française et européenne ont été performantes selon le PDG Alexandre Bompard mercredi, "la performance du Brésil a été affectée par l'achèvement de la conversion des magasins BIG et des conditions de marché difficiles".

"Les coûts exceptionnels d'intégration ont pesé à hauteur de 65 millions d'euros sur le résultat opérationnel courant de Carrefour Brésil au premier semestre", précise le groupe selon lequel "ils devraient être très limités au second semestre".

Carrefour, qui a confirmé ses objectifs financiers annuels, "reste mobilisé pour consolider son modèle économique", notamment via sa politique de baisse de coûts, avec encore un objectif de 1 milliard d'euros d'économies en 2023, sur lesquels 490 millions d'euros ont été réalisés au premier semestre.

afp/rp