(Actualsé avec fin de campagne, contexte)

par Mitra Taj et Marco Aquino

LIMA, 3 juin (Reuters) - Keiko Fujimori et Pedro Pablo Kuczynski, qui s'affrontent dimanche au second tour de l'élection présidentielle au Pérou, sont quasiment à égalité dans les intentions de vote.

Longtemps favorite du scrutin, la fille de l'ex-chef de l'Etat Alberto Fujimori, qui purge une peine de vingt-cinq ans de prison pour corruption et atteintes aux droits de l'homme, a vu son avance fondre ces derniers jours et son rival fait désormais jeu égal avec elle dans les sondages.

L'institut GFK crédite respectivement les deux candidats de droite de 50,3% et 49,7% des intentions de vote. L'enquête a circulé tard jeudi soir. La loi électorale proscrit la publication des sondages dans la semaine précédant un scrutin.

L'institut CPI fait lui aussi état d'un net resserrement dans la dernière ligne droite, avec 51,6% pour Fujimori et 48,4% pour son adversaire. La précédente enquête CPI donnait près de dix points d'avance à la candidate de Force populaire, qui s'est déjà présentée en 2011. Un sondage Datum la donne en tête avec 52,1% des voix contre 47,9% pour Kuczynski.

Au premier tour, le 10 avril, elle a recueilli près de 40% des voix, loin devant Kuczynski, 77 ans, qui a obtenu 22%.

Si elle l'emporte dimanche, une partie de l'opinion redoute un retour aux pratiques autoritaires de son père.

Jeudi soir, elle a achevé sa campagne avec quelques pas de danse devant plusieurs milliers de personnes réunies à Lima.

"DÉMOCRATIE OUI ! DICTATURE NON !"

"Mon adversaire a élaboré son programme dans son confortable bureau. Nous avons sillonné toutes les régions, toutes les provinces", a-t-elle lancé, reprochant à "PPK" de mal connaître son pays et de manquer de poigne pour lutter contre l'insécurité.

"Démocratie oui ! Dictature non !", ont quant à eux scandé les partisans de l'ancien chef du gouvernement, évoquant le passage aux affaires d'Alberto Fujimori, de 1990 à 2000, lors d'un meeting moins haut en couleurs organisé à Arequipa, dans le Sud.

Keiko Fujimori, dont le discours à la fois libéral et populiste plait aux plus démunis, promet de s'en tenir aux règles démocratiques. Depuis son échec de 2011, elle a en outre pris ses distances avec son père, qui reste populaire. Certains jugent notamment que la dissolution du Congrès en 1992 était nécessaire pour mettre fin à la guérilla du Sentier lumineux.

Kuczynski lui-même a pris le parti de sa fille il y a cinq ans quand elle a affronté Ollanta Humala, le président sortant.

L'ancien premier ministre a en outre renoncé à participer à l'immense manifestation de mardi soir contre Keiko Fujimori, qui a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes dans le centre de Lima.

Pour le sondeur Alfredo Torres, membre de l'institut Ipsos, son geste était justifié, dans la mesure où les habitants de Lima, dont le scrutin dépend pour une bonne part, ont désapprouvé ce rassemblement.

(Mitra Taj et Teresa Cespedes; Henri-Pierre André pour le service français)