* Le pape accueilli par la foule à son arrivée lundi soir

* La question de la pédophilie dans l'église peut-être abordée

* Grande messe mardi matin dans un parc de la capitale

* François devra aussi entendre les Indiens Mapuche

* Il poursuivra sa tournée jeudi par le Pérou

SANTIAGO, 16 janvier (Reuters) - Le pape François est arrivé lundi soir au Chili, première étape d'un voyage de soutien à une église décrédibilisée par des affaires de pédophilie.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes criant "Vive le pape François!" s'étaient massées sur le chemin du convoi. A l'aéroport, le souverain pontife a été accueilli par la présidente sortante Michelle Bachelet. Sur le tarmac, un orchestre de jeunes a joué en l'honneur du pape lors d'une cérémonie dans l'ensemble plutôt discrète.

Peu après avoir accueilli Jorge Mario Bergoglio, Michelle Bachelet a déclaré sur les réseaux sociaux que la société chilienne avait beaucoup changé depuis la visite de Jean Paul II en 1987, sous la dictature d'Augusto Pinochet.

"Nous sommes une société plus juste, plus libre et plus tolérante", a-t-elle dit. Toutefois, a-t-elle ajouté, les inégalités sont toujours là.

Au dernier jour de sa visite au Chili, jeudi, le pape rencontrera deux victimes de la dictature, a annoncé jeudi dernier son porte-parole, Greg Burke.

Lundi, plusieurs centaines de personnes ont salué le pape argentin à son arrivée à la nonciature apostolique (ambassade) du Vatican à Santiago, la capitale, où il résidera pendant son séjour. "Pape François, ami, le Chili est avec toi", criaient-il. Des enfants agitaient les drapeaux du Chili et du Vatican.

Malgré l'atmosphère festive, le pape devra répondre aux critiques de certains catholiques qui n'ont pas apprécié qu'il ait nommé en 2015 l'évêque Juan Barros à la tête du petit diocèse d'Osorno, une ville située au sud de Santiago.

Juan Barros est accusé d'avoir couvert son ancien mentor, le père Fernando Karadima, déclaré coupable d'actes de pédophilie sur adolescents au terme d'une enquête du Vatican en 2011. Le père Karadima nie les accusations portées contre lui et l'évêque dit qu'il n'est pas au courant d'actes répréhensibles.

"DANS TA SOUTANE"

Cette affaire et la sécularisation croissante de la société chilienne ont rendu l'église catholique moins populaire.

Selon un sondage réalisé ce mois-ci par le Latinobarometro, un organisme basé à Santiago, le nombre de Chiliens se décrivant comme catholiques est tombé à 45% l'an dernier. Ils étaient 74% à se dire catholiques en 1995.

François doit faire son premier grand discours mardi matin devant les autorités nationales et le corps diplomatique.

Il se rendra ensuite au parc O'Higgins, dans la capitale, pour y célébrer une messe pour laquelle on attend 500.000 personnes.

Pendant son séjour au Chili, François devra aussi entendre la plainte des Mapuches, communauté indienne qui accuse l'Etat et les sociétés chiliennes de leur prendre la terre de leurs ancêtres. Le pape doit se rendre mercredi à Temuco, dans la région d'Araucanie, le territoire d'origine des Mapuches.

La présidente Bachelet a demandé l'an dernier pardon aux Mapuches pour les "erreurs et les horreurs" commises à leur encontre.

Plusieurs églises de la capitale chilienne ont été attaquées la semaine dernière dont l'une avec une bombe artisanale où les agresseurs ont laissé un tract où l'on pouvait lire : "Pape François, la prochaine bombe sera dans ta soutane."

Peu après l'arrivée de François, des manifestants ont bloqué une rue dans le centre de Santiago avant d'être rapidement dispersés par la police.

Le pape doit se rendre au Pérou à partir de jeudi.

Ce voyage en Amérique du Sud est le 22e déplacement à l'étranger de François depuis son élection en mars 2013 et le sixième sur le continent qui l'a vu naître. (Danielle Rouquié pour le service français)