BOGOTA, 23 novembre (Reuters) - Des milliers de Colombiens se sont de nouveau rassemblés vendredi dans les rues du pays, au lendemain de manifestations qui ont fait trois morts, alors que des cas de pillages ont été recensés dans plusieurs quartiers de la capitale Bogota.

Plus de 250.000 personnes ont manifesté jeudi pour exprimer leur mécontentement envers le gouvernement du président Ivan Duque, notamment à cause de rumeurs concernant des réformes économiques, et de son manque d'action pour éradiquer la corruption.

Plusieurs milliers de manifestants se sont réunis vendredi après-midi pour des "cacerolazos" (concerts de casseroles) à la Plaza Bolivar à Bogota.

La foule, composée de familles et de personnes âgées, a été brusquement dispersée par des tirs de gaz lacrymogènes.

Un couvre-feu, décrété d'abord dans les quartiers de Bosa, Kennedy et Ciudad Bolivar, a ensuite été étendu à 21 heures dans toute la capitale.

Plusieurs supermarchés dans le sud de la ville ont été pillés alors que des manifestants, dont certains portaient des masques, ont brûlé des objets dans la rue et ont bloqué des routes.

Certaines personnes ont profité des manifestations pour "semer le chaos", a affirmé le président dans une allocution à la télévision vendredi soir.

"A partir de la semaine prochaine, je vais lancer un dialogue national qui renforcera l'agenda actuel des réformes sociales", a précisé Ivan Duque.

Le ministre de la Défense, Carlos Holmes Trujillo, a annoncé vendredi matin qu'une enquête était en cours après la mort de trois personnes dans la province du Valle del Cauca, dans le sud-ouest du pays.

Au cours des manifestations de jeudi, qui se sont déroulées majoritairement dans le calme, 98 personnes ont été arrêtées et 122 civils et 151 membres des forces de sécurité ont été blessés, a-t-il indiqué.

Ces manifestations coïncident avec plusieurs mouvements de contestations dans plusieurs Etats d'Amérique latine, notamment au Chili, en Bolivie, en Equateur et au Nicaragua. (Julia Symmes Cobb et Nelson Bocanegra; Arthur Connan pour le service français)