par Matthew Robinson

La flambée des prix pétroliers et une conjoncture économique morose ont largement contribué à réduire la demande de carburants aux Etats-Unis et dans d'autres grandes puissances économiques, ce qui a entraîné des prises de bénéfice sur les cours de l'or noir.

Le cours du baril de brut américain est ainsi passé d'un record de plus de 147 dollars en juillet à moins de 108 dollars ce mardi.

Les cours pétroliers avaient rebondi la semaine dernière, de crainte que Gustav ne perturbe gravement l'extraction pétrolière et gazière du golfe du Mexique comme l'avait fait Katrina en 2005.

"Il faudrait vraiment une très grosse tempête pour changer la direction du brut en plein milieu d'une correction majeure depuis juillet et Gustav ne fait pas l'affaire", commente Chris Jarvis (Caprock Risk Management). "Risque-t-on de tomber à moins de 100 dollars? Pour sûr".

La demande pétrolière des USA, premier consommateur mondial de pétrole, a chuté de 800.000 barils par jour (bpj) au premier semestre, un recul sans précédent depuis 26 ans.

La baisse de la demande au sein des pays de l'OCDE pourrait bien réduire sérieusement les gains accumulés grâce à des économies émergentes comme la Chine, qui ont entretenu la hausse des cours six années durant.

100, 90 OU 80 DOLLARS?

"Si cette contraction s'accentue, on aura du mal à prétendre qu'il y a assez de croissance hors OCDE pour compenser", note Mike Wittner (Société Générale).

"Nous irons à 100 dollars, voire au-dessous, à cause des fondamentaux", constate Simon Wardell (Global Insight).

Et tout cela sans compter la hausse du dollar. "Nous sommes à un point d'inflexion majeur pour le dollar, ce qui pourrait intensifier la baisse des cours", estime Chris Jarvis, ajoutant que la forte décrue du brut amènera l'Opep à reconsidérer son cours plancher privilégié lorsqu'elle se réunira pour décider de l'orientation de sa politique de production.

Le brut a enfoncé les 110 dollars le baril mardi, un important seuil de soutien de l'avis des analystes, qui ont aussi identifié une forte résistance à 100 dollars.

L'Iran estime que 100 dollars est le plancher le plus bas acceptable. La république islamique fait pression sur l'Opep pour que le cartel réduise sa production de 1,5 million de barils par jour au début de l'an prochain.

Le Venezuela, un autre pays "dur" de l'Opep, trouve le plancher de 100 dollars acceptable mais d'autres membres de l'organisation penchent plutôt pour un seuil autour de 80 dollars, redoutant l'impact pétrolier sur les grandes puissances économiques.

Certains craignent en revanche que tout prix inférieur à ce seuil ne décourage l'investissement en de nouvelles capacités de production. "Je pense que le prix minimal acceptable est de l'ordre de 90 dollars le baril", estime Paul Horsnell (Barclays Capital).

Version française Wilfrid Exbrayat