LONDRES (Reuters) - Le Premier ministre britannique Boris Johnson va faire face à un vote de confiance de la part des élus du Parti conservateur plus tard dans la journée de lundi, a déclaré le président du Comité 1922, Graham Brady.

"Le seuil de 15% du parti parlementaire demandant un vote de confiance au chef du Parti conservateur a été dépassé", a-t-il écrit dans une note aux députés conservateurs.

Graham Brady a précisé qu'un vote serait organisé entre 18 heures et 20 heures (1700-1900 GMT) lundi.

"Les votes seront comptés immédiatement après. Une annonce sera faite à une heure qui sera communiquée ultérieurement", a ajouté Graham Brady.

Un porte-parole du bureau de Boris Johnson à Downing Street a déclaré que le vote était "une chance de mettre fin à des mois de spéculation et de permettre au gouvernement de tirer un trait et d'aller de l'avant, en répondant aux priorités du peuple".

"Le PM (Premier ministre) se réjouit de l'occasion qui lui est donnée de présenter ses arguments aux MP (membres du parlement) et leur rappellera que lorsqu'ils sont unis et concentrés sur les questions qui comptent pour les électeurs, il n'existe pas de force politique plus redoutable."

CRITIQUES DES CONSERVATEURS

Sous pression depuis la publication du rapport accablant sur le scandale dit du "Partygate", Boris Johnson a été hué par une partie du public lors des célébrations du jubilé de platine de la Reine ce week-end.

Il a été critiqué lundi par Jesse Norman, un ancien ministre un partisan de longue date, qui a déclaré que le maintien au pouvoir du Premier ministre de 57 ans était une insulte à la fois pour l'électorat et pour le parti.

"Vous avez présidé à une culture de violation désinvolte de la loi au 10 Downing Street en ce qui concerne le COVID", a-t-il déclaré, ajoutant que le gouvernement avait "une large majorité, mais aucun plan à long terme".

Jesse Norman fait partie du nombre croissant d'élus conservateurs à déclarer publiquement que Boris Johnson n'a plus la légitimité nécessaire pour gouverner la Grande-Bretagne, dans un contexte de hausse des prix, de risque de récession et de grève des transports à Londres.

Le chef de la lutte contre la corruption de Boris Johnson, John Penrose, a démissionné. "Je pense que c'est terminé. J'ai l'impression qu'il s'agit maintenant de savoir quand et non pas si", a-t-il déclaré à Sky News.

Jeremy Hunt, ancien ministre de la Santé, qui s'était présenté contre Johnson à la direction du parti en 2019, a déclaré que les conservateurs savaient qu'il laissait tomber le pays. "La décision d'aujourd'hui est le changement ou la perte", a-t-il déclaré. "Je vais voter pour le changement".

RÉSULTAT INCERTAIN

Pour qu'une destitution soit possible, une majorité de députés conservateurs - soit 180 - doit voter contre Boris Johnson - un seuil que certains conservateurs considèrent difficile à atteindre.

Si la majorité n'est pas atteinte, aucune motion de défiance ne pourra être présentée contre Boris Johnson pendant un an.

Sur les marchés financiers, une majorité des investisseurs semble miser sur un rejet de la motion de défiance: alors qu'elle a tendance à souffrir durant les périodes d'incertitude politique, la livre sterling s'appréciait de plus de 0,4% face au dollar comme face à l'euro à quelques heures du vote et à la Bourse de Londres, l'indice FTSE 100 progressait de 1,28%.

Parmi les remplaçants potentiels au poste de Premier ministre, le bookmaker Ladbrokes a placé Jeremy Hunt favori, suivi par la ministre des Affaires étrangères Liz Truss.

D'autres ministres ont également pris la peine de souligner ce qu'ils décrivent comme les points forts de l'administration Johnson - affirmant que le déploiement rapide des vaccins contre le COVID-19 et la réponse de la Grande-Bretagne à l'invasion de l'Ukraine par la Russie ont prouvé que le Premier ministre pouvait prendre les "grandes décisions".

"Je le soutiens aujourd'hui et je continuerai à le soutenir alors que nous nous concentrons sur la croissance de l'économie, la lutte contre (la hausse) du coût de la vie et l'élimination des restes du COVID", a déclaré le ministre des finances Rishi Sunak sur Twitter.

(Reportage Elizabeth Piper, William James, Alistair Smout, William Schomberg et Farouq Suleiman ; version française Augustin Turpin, édité par Kate Entringer)