Cela ressemble fort à une journée de dupes à Wall Street (stable au final), avec des indices US qui se sont enflammés de façon totalement contre-intuitive après la parution d'une série de chiffres US (chômage, activité manufacturière et tertiaire, ventes immobilières) qui étaient tous plus mauvais que prévus, voir vraiment pires, ce qui invalide l'excuse du 'fait accompli'... mais on a pris l'habitude du 'bad news is good news' depuis que les investisseurs considèrent que les banques centrales soutiennent systématiquement les marchés dès que l'horizon économique s'obscurcit.

Mais ces mouvements de hausse anachroniques (pour le moins) son exacerbés par des volumes d'échanges ridiculement faibles, et dès que les opérateurs voient 'la main' de la FED derrière des évolutions un peu miraculeuses, le premier réflexe est de ne surtout pas se 'mettre en face' et d'accompagner docilement la tendance, même si elle semble complètement absurde.
NB: le bilan de la FED vient d'afficher un nouveau record absolu de 6.600Mds$, en hausse de +75% depuis le 1er janvier, de +50% depuis début mars (et +205Mds$ en une semaine, mi-avril).
La barre des 9.000Mds$ devrait être atteinte ou franchie début juin et si les 10.000Mds$ étaient atteints à la fin du 1er semestre, cela représenterait 50% du PIB américain (et +6.250Mds$ en 9 mois).

Le principal stimulus haussier du jour fut l'envolée du baril de WTI' qui bondissait de +30% vers 18,2$ avant de retomber vers 16,5$ (+20% environ), sans oublier l'espoir d'un 'plan' destiné à sauver le secteur promis par Donald Trump.
Les producteurs texans et les 'frackers' (ceux exploitent le 'shale oil) ont donc flambé : Apache +11,5%, Devon +8,5%, Halliburton +8,4%, Schlumberger +7,7%, Marathon Oil +6,8%, Occidental +6,5%, Hess et Nal Oilwell +5,6%, Marathon Petroleum +5,1%, Exxon +3,1%, Chevron +2,8%...

Les chiffres 'macro' furent en revanche pires qu'anticipés : le Département américain du Travail a recensé 4.427.000 nouveaux inscrits à comparer à 5.237.000 la semaine précédente (5.245.000 en estimation initiale) alors que le consensus visait 4,2 millions d'inscriptions.

Le nombre total d'inscrits aux 'allocs' sur 4 semaines s'établit à 18,44 millions, et sur les 5 dernières semaines, ce sont environ 26 millions de personnes qui se sont inscrites à l'assurance-chômage.

L'essentiel des licenciements s'opère au sein du secteur tertiaire comme en témoigne le plongeon du PMI IHS/Markit des 'services' aux US, vers 27 contre 39,8 (le PMI manufacturier chute vers 36,9 contre 48,5 en mars).
Le PMI des services s'inscrit également a son plus bas historique.

La conjoncture n'est pas plus engageante du côté du secteur immobilier puisque le Département du Commerce fait état ce jeudi d'une chute de -15,4% des ventes de logements neufs à 627.000 en rythme annualisé au mois de mars.
Le nombre de transactions du mois de février a par ailleurs été révisé en baisse, à 741.000 au lieu de 765.000 comme annoncé initialement.

Le secteur des valeurs de croissance a tiré le Nasdaq-100 (-0,25%) vers le bas Citrix -6,7%, Seagate -5,6%, Gilead -4,3%, Xilinx -3,8%, Applied Mat et Take Two -2,3%, Twitter -2%, Intel -1,8% (qui publié des résultats décevants)
Quelques titres ont tiré leur épingle du jeu: Netapp +3,4%, Facebook +1,6%, Amazon +1,5% (Goldman Sach voit le titre à 2.800$), Netflix +1,3%

Les trimestriels du jour n'ont pas apporté de réconfort : Intel chutait de -5,5% en after hour après -1,8% en séance.
Google annonçait de son côté un gel des embauches et réduit de moitié son budget marketing... un signal très fort de ralentissement anticipé, la firme apparaissant jusqu'à présent capable de surmonter tous les trou d'air conjoncturels.

Selon le cabinet Factset, les bénéfices des compagnies devraient baisser d'environ 15% en moyenne au 'T1', mais ce n'est qu'un hors d'oeuvre avant d'attaquer le 'T2' qui sera bien pire.

Mais l'un de leitmotiv les plus répandus est que Wall Street va faire totalement l'impasse sur les résultats au second trimestre pour se projeter déjà dans le 4ème, voir en 2021 (alors que très peu d'entreprises sont en mesure de formuler des 'guidance' à 6 mois, ne parlons pas de 12 à 18 mois !).

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