Wall Street aligne une quatrième séance de hausse consécutive et une 3ème semaine de hausse... mais ce qui marque les esprits, c'est que les indices US ont touché des objectifs techniques et psychologiques majeurs : avec un gain de 0,37%, le Dow Jones refranchit les 17.000 et finit à 17.007Pts, en hausse de +3% sur la semaine écoulée. Le S&P 500 prend 0,33% pour en terminer à 1.999,99Pts.

Les statistiques ne servent que de toile de fond, d'alibi aux mouvements boursiers, cela s'est confirmé à plusieurs reprises cette semaine: d'abord les mauvaises nouvelles furent de bonnes nouvelles (les banques centrales vont tout faire pour rassurer les marchés), puis depuis mercredi, les bonnes nouvelles sont devenues également de bonnes nouvelles (l'économie ne va pas si mal après tout).

On pouvait tout raconter et son contraire au sujet des chiffres de l'emploi mensuel américain (NFP) du mois de février: ils se sont révélés supérieurs de +30% par rapport au consensus, avec 242.000 emplois non agricoles créés aux Etats-Unis le mois dernier contre 'seulement' 185.000 anticipés.

La statistique décevante du mois de janvier, qui faisait état de 151.000 créations d'emplois, a quant à elle été révisée de +21.000 à 172.000 et celle de décembre a été revue de 262.000 à 271.000, soit une bonne moyenne de +225.000 créations sur les 3 derniers mois, ce qui reflète une économie 'robuste'.

De quoi alimenter la crainte d'une poursuite de la 'normalisation' par la FED avec 2 ou 3 hausses de taux d'ici fin 2016.

La croissance étant anticipée à +2% au minimum, l'inflation 'core PCE' étant proche de +2%, un loyer de l'argent porté à 1% n'aurait rien d'effrayant ni d'incongru.

Le bémol provient des salaires qui ne décollent toujours pas avec des coûts salariaux horaires en repli de -0,1%.

Une analyse plus fine révèle par ailleurs que 190.000 nouveaux jobs correspondent à des rémunérations 'au plancher' (éducation et soins à la personne +86K), distribution (+55K), employés de bars, hôtels, restaurants (+48K) tandis que les métiers les mieux payés ont détruit -33.000 emplois (finance, conduite de poids lourds, industrie minière, etc.).

Le déficit commercial américain s'est en revanche accentué en janvier, ressortant à 45,7 milliards de dollars, contre 44,7 milliards en décembre 2015 (chiffre révisé de - 43,4 milliards).

Ce chiffre constitue qui plus est une mauvaise surprise dans la mesure où les économistes s'attendaient à une amélioration autour de -44Mds$, mais cela n'a nullement pesé sur la tendance.

L'élément objectif le plus probant en faveur de la hausse, ce fut une fois encore l'envol du pétrole de +5% vers 36$, toujours sur l'anticipation d'une réduction de la production aux Etats Unis.

Le secteur de l'énergie à lui seul explique la progression du S&P500 avec +19% sur Chesapeake, +10% sur Marathon Oil, +6,7% sur Conoco Philips, +6% sur Devon, +5,2% sur Anadarkob et Range Resource.

La corrélation actions/pétrole semble donc l'emporter sur toutes les autres considérations, que les ISM soient bons ou mauvais, que la confiance des ménages ou des entreprises soit en hausse ou en berne.

Alors que les écarts furent très majoritairement modestes, Hewlett-Packard s'est distingué avec une envolée de 13,5% au lendemain de la publication de résultats trimestriels très légèrement supérieurs aux attentes.

Si tout semble aller pour le mieux puisque le pétrole va mieux, alors pourquoi une remontée des taux longs de 1,80% vers 1,90% cette semaine puis surtout, pourquoi la hausse de l'or vers 1.265$ ?

Il grimpait quand la nervosité des marchés était à son comble, il progresse encore alors que Wall Street a retrouvé ses esprits: sa hausse atteint +20% depuis la mi-décembre.

Tout ne peut pas monter en même temps: le Dow Jones, le rendement des T-Bonds, le pétrole, le palladium, le métal précieux... les mécanismes des marchés semblent profondément et durablement altérés.

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