(Actualisé avec Apple, marchés des changes et obligataires, pétrole, derniers paras)

par Ryan Vlastelica

NEW YORK, 27 janvier (Reuters) - Les résultats trimestriels décevants des grandes sociétés américaines, Microsoft et Caterpillar en tête, ont plombé mardi la Bourse de New York, qui a terminé en baisse avec un coupable tout désigné: un dollar fort sur la deuxième partie de l'année 2014.

Le recul inattendu des commandes de biens durables en décembre est venu amplifier la méfiance des investisseurs à l'égard de l'économie américaine, au point d'éclipser d'autres indicateurs plus favorables, comme une confiance du consommateur à un plus haut depuis août 2007 et un bond de près de 12% des ventes de logements.

"Les actions américaines pourraient se retrouver sous pression à mesure que les investisseurs revoient à la baisse leurs prévisions de croissance pour l'économie américaine", pense Brian Jacobsen, stratégiste chez Wells Fargo Funds Management.

"Il y a eu un engouement excessif autour de l'idée que l'économie américaine s'était hissée sur un nouveau chemin de croissance plus élevée. Nous sommes encore cahin-caha."

L'indice Dow Jones a perdu 291,49 points, soit 1,65%, à 17.387,21. Le Standard & Poor's-500, plus large, a cédé 27,54 points (1,34%) à 2.029,55 points et le Nasdaq Composite a abandonné 90,266 points (1,89%) à 4.681,497 points.

MICROSOFT ET CATERPILLAR TIRENT LE DOW JONES À LA BAISSE

Neuf des 10 indices sectoriels du S&P-500 ont terminé dans le rouge, celui des valeurs technologiques ayant connu sa pire journée depuis novembre 2011 avec un repli de 3,3% provoqué par Microsoft.

Le titre Microsoft s'est effondré de 9,25% à 42,66 dollars au lendemain de l'annonce d'un recul de son bénéfice trimestriel au 31 décembre avec l'essoufflement de sa principale source de revenus, la vente du système d'exploitation Windows et des logiciels Office aux entreprises. Surtout, le groupe de Seattle, qui réalise près des trois quarts de son chiffre d'affaires à l'étranger, a prévenu que la croissance de son chiffre d'affaires allait être affectée par la vigueur du dollar.

De même, l'action Caterpillar a perdu 7,2% à 79,85 dollars. Le leader mondial des engins de construction et de matériel minier a lui aussi publié un bénéfice net décevant au quatrième trimestre et prédit "une année 2015 rude", sous le coup à la fois de l'effondrement des cours du pétrole et de la vigueur du dollar.

A l'image de ces leaders mondiaux, qui ont signé les deux plus mauvaises performances de l'indice Dow Jones, de nombreuses multinationales américaines ont imputé leurs résultats décevants et leurs prévisions en berne à des effets de change défavorables.

Cela a été le cas pour Procter & Gamble, numéro un mondial des produits d'entretien, en baisse de 3,45%, pour le chimiste DuPont, dont le titre a cédé 1,25%, ou encore pour American Airlines, première compagnie aérienne au monde en termes de passagers, dont l'action a abandonné quasiment 5% puisqu'elle s'attend à une baisse de sa recette unitaire malgré des milliards de dollars d'économies liées à la chute des cours du pétrole.

Dans cette ambiance morose, la performance d'Apple se distingue encore plus nettement, avec une progression de son chiffre d'affaires bien plus forte que prévu en raison des ventes records de sa gamme d'iPhone. Le titre gagnait plus de 5% à 115 dollars dans les échanges après la clôture.

Le recul de Wall Street et les mises en garde des multinationales sur les effets néfastes d'un dollar fort sur leurs résultats, conjugués aux incertitudes sur l'état de l'économie américaine, pourraient peser sur les décisions de la Réserve fédérale américaine, dont le comité de politique monétaire est réuni jusque mercredi.

Les investisseurs pensent que la Fed fera preuve de patience avant de relever ses taux, ce qui fait remonter l'euro par rapport au dollar, à 1,1378 dollar, tandis que les rendements des bons du Trésor américain reculent, ceux à 30 ans ayant même atteint des plus bas historiques à 2,40%.

Le recul du dollar fait en revanche grimper les cours des matières premières, notamment du pétrole, le brut américain se négociant à 46,23 dollars le baril et le Brent de la mer du Nord à 49,30 dollars. (Bertrand Boucey pour le service français)