(Rpt sans changement d'une dépêche diffusée dimanche)

par Rodrigo Campos

NEW YORK, 17 janvier (Reuters) - Les dégagements massifs subis par Wall Street sur les deux premières semaines de l'année laissent espérer un scénario de capitulation qui permettrait aux fondamentaux du marché de reprendre le dessus.

La glissade des indices, avec un Standard & Poor's tombé brièvement vendredi à des plus bas de plus d'un an, rappelle l'époque noire de la grande récession de 2008-2009.

Pourtant, la plupart des indicateurs montrent que l'économie américaine est loin d'entrer en récession, selon de nombreux intervenants du marché. La correction du marché et l'ajustement des valorisations permettront de reporter l'attention sur les fondamentaux, à savoir les données économiques et les résultats de sociétés, après des années de dépendance à l'argent facile et à la politique monétaire ultra-accommodante de la Réserve fédérale, disent-ils.

"Je suis paradoxalement soulagé par la baisse du marché qui va nous permettre de revenir à des valorisations plus justes et de repartir de là, en empruntant un chemin tracé par le rythme de l'économie et les résultats des entreprises", affirme Jack Ablin, directeur des investissements chez BMO Private Bank à Chicago.

"Pour moi, cela revient à en finir avec toutes ces années sous influence de la Fed", ajoute-t-il.

Le ralentissement de la croissance chinoise est tenu pour beaucoup responsable de la chute des marchés boursiers et des cours du pétrole, ces derniers à leurs plus bas depuis 12 ans.

L'indice composite de Shanghai a clôturé vendredi à son plus bas niveau depuis décembre 2014, en baisse de plus de 20% par rapport à ses plus hauts de novembre.

"Les effets du ralentissement chinois se concentrent surtout sur le pétrole brut et il y a des informations selon lesquelles des fonds spéculatifs de matières premières sont confrontés à des appels de marge de plus en plus élevés à mesure que les cours du brut baissent", rapporte Gail Dudack, fondatrice de Dudack Research Group à New York, dans une note à ses clients vendredi.

"Comment souvent dans ces cas de dénouement de marges, les ventes se portent sur les marchés actions car les actions sont les actifs les plus liquides dans les portefeuilles. Cela explique que les mouvements (du S&P-500) se soient alignés sur ceux du pétrole brut ces dernières semaines."

La séance de vendredi a pris des allures de capitulation avec 944 valeurs du New York Stock Exchange qui ont touché des plus bas d'un an. Ce n'est que la quatrième fois depuis la fin 2008 que ce nombre dépasse les 900.

De même, vendredi marquait la septième séance consécutive qui voyait plus de 500 valeurs du NYSE à leur plus bas niveau depuis un an, une série qui ne s'était plus produite depuis octobre 2008, dans la foulée de la faillite de Lehman Brothers.

Les grands indices de Wall Street ont baissé vendredi pour la troisième semaine consécutive et le S&P a clôturé à son plus bas niveau depuis la fin août, le Nasdaq Composite étant pour sa part à son point bas depuis octobre 2014.

Depuis le 1er janvier, le Dow Jones a perdu 8,25%, le S&P 8,01% et le composite du Nasdaq 10,36%.

STATISTIQUES CHINOISES AU MENU

Fermés lundi pour le Martin Luther King Day, les marchés américains rouvriront mardi en prenant connaissance de nouvelles statistiques en provenance de Chine : la production industrielle, les ventes au détail et surtout la croissance du quatrième trimestre, attendue à 6,8% contre 6,9% au troisième trimestre.

"De bons chiffres pourraient atténuer les inquiétudes qu'on peut avoir", dit Brian Jacobsen, stratège chez Wells Fargo Funds Management à Menomonee Falls dans le Wisconsin.

Des chiffres rassurants sur l'inflation aux Etats-Unis et un retour à la croissance manufacturière encourageraient aussi les investisseurs à revenir vers les actions, ajoute-t-il.

"Cela en plus de bons résultats de sociétés, bien entendu."

Les prix à la consommation de décembre seront publiés mercredi et la Fed de Philadelphie publiera jeudi son indice d'activité industrielle.

Parmi les principaux groupes qui publieront leurs comptes figurent les banques Morgan Stanley et Bank of America mardi, suivis le lendemain de Goldman Sachs. Aux technologiques, on suivra IBM mardi soir tandis que les résultats de Starbucks jeudi donneront des indications sur les tendances de consommation. General Electric lancera vendredi les publications des grands groupes industriels. (avec les contributions de Dion Rabouin et Chuck Mikolajczak, Véronique Tison pour le service français)