Depuis plusieurs mois, et jusqu'à début mars, au gré de chaque parution statistique, les investisseurs observaient le mouvement de balancier qui se dessinait entre embellie économique et inflation, tentant d'anticiper la prochaine évolution des marchés.

' Néanmoins, à compter du 8 mars, un 3e facteur est entré en compte : celui de la stabilité financière ', indique Alexandre Hezez, actuaire, stratégiste & allocataire chez Richelieu.

Ce jour là, la banque SVB commençait en effet à tanguer, l'établissement bancaire annonçant une perte avoisinant les deux milliards de dollars. Annonce qui allait engendrer une inquiétude plus large quant à la solidité globale du système bancaire international.

Selon Richelieu, il s'agirait ni plus ni moins que d'une conséquence de la politique de la Fed qui est allée ' très vite et très loin '. Ainsi, la forte hausse des taux a fortement impacté et déstabilisé les structures les plus fragiles.

A ce sujet, Alexandre Hezez estime que la Fed devrait encore rehausser une dernière fois ses taux directeurs en mai, avant de les maintenir en territoire restrictif en 2023.

' Ma conviction, c'est que les taux vont monter à 5 % ou 5,25 % avant de se stabiliser à ce niveau en 2023/2024 '.

Pourtant, les investisseurs semblant avoir déjà ' pricé ' de futures baisses de taux, et ce dès juillet... ' Je ne comprends pas comment c'est possible ', souligne l'analyste.

De son côté, la BCE pourrait procéder à une hausse de 100 pb des taux directeurs d'ici la fin de l'année. En effet, si l'inflation totale de la zone euro a ralenti en mars (+6,9 % en glissement annuel contre +8,5 % en février), l'inflation sous-jacente (hors énergies & alimentation) accélère toujours, potée par la hausse des coûts - un effet amplifié par l'augmentation des profits des entreprises.

Les marchés regardent aussi du côté de la Chine, dont le rebond est notamment porté par la demande domestique. Les signaux sont d'ailleurs ' au vert ' dans la sphère asiatique. ' Après la hausse des taux de 2021, les pays émergents ont déjà achevé leur hausse des taux, ils sont en avance ', fait remarquer le spécialiste.

Enfin sur le plan géopolitique, Richelieu n'hésite pas à évoquer ' une nouvelle organisation du monde qui se met en place ' : alors que les Etats-Unis avaient demandé à l'Arabie Saoudite d'augmenter la production de pétrole pour contrer la Russie et étrangler Moscou, l'OPEP a pris les marchés de court en annonçant une baisse de la production - soit l'exact contraire de ce que demandait la Maison Blanche.

Dans ce contexte, Richelieu anticipe un recule de la croissance bénéficiaire de 5 % sur les actions US en 2023, et une croissance bénéficiaire neutre en Europe.


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