Les premières indications sur le début des achats de Noël seront aussi suivies de près alors qu'à l'orée du mois de décembre la Bourse américaine est en route pour sa meilleure performance annuelle depuis 1998.

L'indice Dow Jones des 30 industrielles, le Standard & Poor's 500 et le Nasdaq Composite ont signé en novembre un troisième mois consécutif de hausse. Le S&P-500, indice de référence des gérants américains, a fini vendredi en léger repli de 0,08% mais il a grignoté 0,06% sur la semaine, portant ainsi sa série en cours à huit semaines de hausse - du jamais vu depuis ses neuf semaines de progression entre novembre 2003 et janvier 2004.

Depuis le 1er janvier, le S&P a pris 26,62%, en route pour sa meilleure performance annuelle depuis sa hausse de 26,67% en 1998.

DES INDICES POUR LA FED

Décembre est traditionnellement un bon mois pour les actions américaines mais il débutera dans la nervosité à l'approche des chiffres des créations d'emplois de novembre, publiés vendredi.

Les économistes tablent en moyenne sur 185.000 postes créés, après les 204.000 annoncés en première estimation pour octobre, et sur un taux de chômage à 7,2% contre 7,3%.

La statistique est particulièrement suivie par la Réserve fédérale et devrait l'aider à déterminer le moment où elle commencera à réduire progressivement ses injections de liquidités - lesquelles ont largement contribué à la hausse du marché cette année.

Dans cette perspective, des indicateurs vigoureux ont été paradoxalement mal accueillis par les investisseurs inquiets de voir la banque centrale diminuer ses mesures de soutien.

Quincy Krosby, stratégiste chez Prudential Financial à Newark (New Jersey) s'attend ainsi à un regain de volatilité.

"Le marché se pose moins la question de la signification des indicateurs pour l'économie que de leur interprétation par la Fed", dit-elle.

La statistique de vendredi sera précédée mercredi par l'enquête ADP sur les créations d'emploi dans le secteur privé et jeudi par les inscriptions hebdomadaires au chômage.

Parmi les autres indicateurs au menu de la semaine figurent les indices ISM des directeurs d'achat, les chiffres des ventes de voitures en novembre, les commandes à l'industrie et la première estimation pour décembre de l'indice de confiance du consommateur calculé par Thomson Reuters et l'Université du Michigan.

PLEINS FEUX SUR LA DISTRIBUTION

Du côté des valeurs, le secteur de la distribution continuera de jouer les premiers rôles alors que vient de commencer la saison des achats de Noël, au cours de laquelle certains détaillants réalisent jusqu'à la moitié de leurs profits annuels.

Avec moins de 30 jours entre Thanksgiving - tombé cette année le 28 novembre - et Noël, la période des achats de fin d'année sera la plus courte depuis des années aux Etats-Unis, ce qui incite certains analystes à la prudence.

Bruce Zaro, analyste technique chez Delta Global Asset Management à Boston, prend d'ores et déjà ses distances en notant que le secteur de la distribution n'est pas fondamental pour le marché américain, tiré par d'autres segments.

L'histoire lui donne raison. Selon la firme de recherche Bespoke Investment Group, le compartiment de la distribution a sous-performé le S&P-500 ces trois dernières années pendant la période comprise entre Thanksgiving et Noël.

Depuis l'an 2000, le S&P a gagné en moyenne 1,7% au cours de cette période décisive, ne cédant du terrain que trois des 13 années. Le secteur de la distribution, lui, a gagné seulement 0,8% en moyenne sur la période et a même baissé sept fois en 13 ans.

Les investisseurs suivront aussi le déplacement du vice-président Joe Biden en Chine, au Japon et en Corée du Sud sur fond de regain de tension entre Pékin et Tokyo au sujet de leur différend territorial en mer de Chine orientale.

"Pour l'instant cela ressemble à un feu de broussailles et j'espère que ça va vite retomber", commente Jim Russell, stratège de U.S. Bank Wealth Management à Cincinnati.

"On a déjà une saison des achats de Noël raccourcie et marquée par de fortes promotions, ce n'est pas le moment d'avoir une distraction géopolitique."

Véronique Tison pour le service français

par Rodrigo Campos