Les contrats à terme sur les principaux indices de Wall Street signalent une ouverture en repli de 1,1% à 1,9%.

À Paris, le CAC 40 perd 1,35% à 4.666,95 points à 12h40 GMT après avoir perdu jusqu'à 2,6% dans la matinée. À Francfort, le Dax cède 0,25% et à Londres, le FTSE 100 recule de 0,51%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 est en baisse de 0,56%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,83% et le Stoxx 600 de 0,65%.

Tous creusent ainsi leurs pertes de 2018, les plus lourdes depuis dix ans pour le Stoxx 600, depuis sept ans pour le CAC 40.

La première mauvaise nouvelle économique de l'année est venue de Chine avec l'annonce d'un basculement de l'indice PMI manufacturier Caixin-Markit sous le seuil de 50, ce qui traduit une contraction de l'activité pour la première fois depuis mai 2017.

"La Chine ralentit depuis des années mais l'annonce est venue souligner la dégradation de la deuxième économie du monde", explique David Madden, analyste de CMC Markets. "Les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine continuent et cela ajoute au sentiment négatif des investisseurs sur la situation économique mondiale."

La Bourse de Shanghai a fini la journée en repli de 1,15%, celle de Hong Kong a chuté de 2,77%, celle de Séoul de 1,52%.

En Europe, les chiffres définitifs des PMI manufacturiers n'ont fait que confirmé la tendance au ralentissement révélée par les premières estimations le mois dernier: l'indice de la zone euro, à 51,4, est au plus bas depuis février 2016 et le français, affecté par les perturbations liées au mouvement des "gilets jaunes", est lui aussi tombé sous le seuil de 50.

A ces facteurs s'ajoute la poursuite aux Etats-Unis du "shutdown", la fermeture depuis le 22 décembre d'une partie des administrations fédérales faute d'accord sur le budget entre le Congrès et la Maison blanche.

La nouvelle législature, dans laquelle les démocrates dominent la Chambre des représentants, débutera jeudi sans véritable espoir de compromis avec l'administration Trump.

L'indice VIX de volatilité du CBOE, baromètre de la nervosité des investisseurs aux Etats-Unis, est remonté au-dessus de 28 points, contre moins de 17 il y a un mois.

VALEURS

Sans surprise, la baisse générale des actions affecte d'abord les secteurs les plus exposés à l'évolution de la demande mondiale: l'indice Stoxx des matières premières perd 3,2%, celui de l'automobile 2,03%, celui du pétrole et du gaz 0,85%.

Parmi les plus fortes baisses du Stoxx 600, le sidérurgiste ArcelorMittal abandonne 5,41%, le géant minier Glencore 4,72%, l'équipementier automobile Faurecia 5,05%.

Le secteur bancaire de la zone euro recule par ailleurs de 1,63% et l'indice des banques italiennes de 2,15% après la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de nommer des administrateurs provisoires à la tête de Banca Carige, incapable de lever les capitaux nécessaires au renforcement de son bilan. La cotation de Carige à Milan reste suspendue.

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

TAUX

L'aversion marquée au risque qui pèse sur les cours des actions incite nombre d'investisseurs à se tourner vers les emprunts d'Etat, avec pour conséquence un net repli des rendements.

Celui du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, est ainsi revenu à 0,156%, en baisse de neuf points de base par rapport à lundi. Au plus bas depuis avril 2017, il se dirige vers sa plus forte baisse sur une séance depuis deux ans.

Celui de son équivalent américain, à 2,65%, évolue au plus bas depuis près d'un an.

Toujours surveillé de près car considéré par certains comme un signe précurseur de récession aux Etats-Unis, l'écart entre les rendements des Treasuries à dix et à deux ans revient sous 17 points de base, confirmant l'aplatissement de la courbe des taux américains.

CHANGES

Sur le marché des devises, le principal bénéficiaire de l'humeur sombre des investisseurs est le yen, qui profite de son statut de valeur refuge: la devise japonaise s'apprécie de près de 0,5% face au dollar à 109,20, au plus haut depuis le 1er juin, et de près de 1% face à l'euro à 124,55.

Le billet vert prend quant à lui 0,33% face à un panier de devises de référence et la monnaie unique européenne, qui a perdu 4,4% en 2018, se traite à 1,1405 dollar.

PÉTROLE

Toujours pénalisé par les craintes de baisse de la demande globale, le pétrole reste orienté à la baisse: le cours du baril de Brent revient vers 53 dollars et celui du brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) est repassé sous 45 dollars.

Aux signes de ralentissement économique en Chine et en Europe s'ajoutent des informations montrant que les grands producteurs sont loin d'adapter leur offre à cette tendance: des statistiques publiées mardi montrent que la production de brut russe a atteint en 2018 son plus haut niveau depuis la fin de l'URSS. Lundi, l'administration américaine avait fait état d'un nouveau record de la production des Etats-Unis en octobre.

MÉTAUX

Valeur refuge par excellence, l'or a atteint son plus haut niveau depuis six mois et demi à 1.288,66 dollars l'once.

Le cuivre, à l'inverse, a touché un plus bas de trois mois et demi à 5.878 dollars la tonne, le PMI manufacturier chinois ayant ravivé les craintes pour la demande de métaux de base.

(Édité par Blandine Hénault)

par Marc Angrand