Les trois grands indices ont perdu plus de 2% - le Dow Jones approchant les 3% de perte - et le S&P-500 en particulier a fini en retrait de 19,8% sur son pic de clôture du 20 septembre, tout juste en dessous du seuil de 20% communément considéré comme attestant du retournement baissier du marché s'il est atteint ou enfoncé.

Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a dit qu'il s'était entretenu dimanche avec les PDG des six premières banques américaines afin de tenter de calmer la nervosité des marchés financiers et qu'ils l'avaient assuré que les banques pouvaient toujours prêter.

Le Trésor a également eu une discussion avec les autorités de régulation américaines qui l'ont assuré de leur côté qu'il ne se passait rien d'extraordinaire sur les marchés, selon une source.

Des initiatives peut-être louables mais qui n'ont pas été appréciées par le marché semble-t-il.

"Ça semble inattendu, soudain et superfu", a dit ainsi Michael Purves (Weeden & Co). "Nous ne sommes pas en crise. Par rapport à 2008, les données économiques n'ont absolument rien à voir. Nous avons la stabilité bancaire et un marché certes volatil mais qui fonctionne. Nous avons eu un mois de décembre horrible mais il ne faut rien y voir de systémique".

L'indice Dow Jones a perdu 653,17 points (2,91%) à 21.792,20 points. Le S&P-500, plus large, a cédé 65,52 points (2,71%) à 2.351,10 points. Le Nasdaq Composite a laissé 140,08 points (2,21%) à 6.192,92 points.

Le S&P-500 a subi la semaine passée sa plus forte perte hebdomadaire depuis août 2011. Même chose pour le Dow Jones mais là depuis octobre 2008.

Ces rencontres du Trésor interviennent alors que le gouvernement fédéral des Etats-Unis se retrouve en situation de "shutdown" partiel, le Congrès n'étant pas parvenu à voter en urgence une loi budgétaire du fait d'un désaccord autour des fonds réclamés par Donald Trump pour la construction d'un mur à la frontière avec le Mexique.

Occupant plusieurs fronts à la fois, le président américain n'a une fois de plus pas ménagé ses critiques contre la banque centrale lundi, y voyant le "seul problème" de l'économie américaine, alors que, selon certaines informations, Trump aurait évoqué en privé la possibilité de remercier Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale.

"Le marché est préoccupé par ce qui se passe à Washington au vu de la grosse correction du marché; il semble qu'on soit en plein désarroi, en pleine débandade. Il n'y a pas une seule voix, ce qui est décourageant pour qui que ce soit dans le marché", observe Vinay Pande (UBS Global Wealth Management).

Les 11 grandes indices sectoriels du S&P-500 ont tous terminé dans le rouge, ce qui qui signifie qu'ils sont également en territoire négatif sur l'ensemble de l'année.

Les trois quarts environ des valeurs composant le S&P-500 sont elles aussi en "bear market" et les 30 valeurs composant le Dow Jones ont fini en baisse.

Pour le troisième jour d'affilée, plus de 2.600 valeurs du New York Stock Exchange et du Nasdaq ont touché des plus bas de 52 semaines, attestant de la profondeur du courant vendeur, qui n'avait pas eu cette intensité depuis une dizaine d'année, soit depuis la dernière crise financière internationale.

Un total de 5,9 milliards de titres ont changé de mains, un volume faible qui a pu accentuer les variations de la cote, contre 8,9 milliards en moyenne sur les 20 dernières séances.

LES INDICATEURS DU JOUR

Aucun indicateur américain à l'agenda.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les places européennes ouvertes en cette veille de Noël ont fini en baisse dans des échanges ténus, affectées comme toujours par le ralentissement économique mondial et des conditions monétaires devenues moins favorables. À Paris, le CAC 40 a perdu 1,45% à 4.626,39 points. À Londres, le FTSE a abandonné 0,52%. La Bourse de Francfort était fermée ce lundi.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 a laissé -0,55%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro -0,89% et le Stoxx 600 -0,54%.

TAUX

L'afflux des investisseurs sur le marché obligataire - qui a fermé plus tôt comme Wall Street en cette veille de Noël - a provoqué comme de juste une baisse des rendements des Treasuries.

Le rendement à 10 ans est ainsi tombé à son niveau le plus bas depuis le début avril dans des volumes peu étoffés. Il perdait autour de six points de base à 2,7365%.

L'écart de rendement entre le deux ans et le 10 ans s'est réduit à 8,9 points de base en cours de séance, au plus bas depuis plus de 10 ans, avant de remonter à 18,7 points de base.

Le Trésor adjugera pour 40 milliards de papier à deux ans ce mercredi puis 73 milliards de dollars de titres à cinq et sept ans.

CHANGES

Le plongeon de Wall Street et le "shutdown" ont eu raison du dollar, ce dernier étant délaissé dans un contexte politique et financier tourmenté.

Le dollar a perdu ainsi 0,44% face à un panier de devises de référence, à 96,534. Il avait inscrit le 14 décembre un plus haut d'un an et demi de 97,711.

Le fait que la Réserve fédérale ait été la semaine dernière moins accommodante qu'on ne s'y attendait serait en soi un point positif pour le dollar, si ce n'est que cette attitude est posée alors que la Bourse trébuche à répétition et que la croissance mondiale semble ralentir, ce qui se retourne en fait contre le billet vert.

PETROLE

Les cours du pétrole ont chuté mardi sur le marché new-yorkais Nymex, touchant leurs niveaux les plus bas depuis plus d'un an, plombés par le fort recul de Wall Street et par les craintes qui ne se démentent pas sur l'évolution de la situation économique mondiale.

A SUIVRE MERCREDI 26 DÉCEMBRE :

Marchés fermés sur Euronext, en Allemagne et au Royaume-Uni.

(Medha Singh, Lewis Krauskopf, Jessica Resnick-Ault, Karen Brettell, Richard Leong; Wilfrid Exbrayat pour le service français)