L'esprit des investisseurs commence en outre à se tourner vers la saison des résultats trimestriels d'entreprises, dont le véritable coup d'envoi sera donné la semaine prochaine par les grandes banques de Wall Street.

"Nous abordons la saison des résultats avec un certain optimisme, grandement soutenu par le nouveau taux abaissé de l'impôt (sur les sociétés) et aussi par d'autres éléments montrant que l'économie se porte très bien", dit Peter Tuz, président de Chase Investment Counsel.

Les investisseurs seront particulièrement attentifs vendredi à la publication du rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis.

L'indice Dow Jones a gagné 240,92 points (+0,99%), à 24.505,22. Le Standard & Poor's 500, plus large et principale référence des investisseurs, a pris 18,15 points, soit 0,69%, à 2.662,84. Le Nasdaq Composite, à forte composante technologique, a terminé sur un gain de 0,49%, soit 34,445 points, à 7.076,552.

Le S&P-500 n'avait plus connu une série de trois séances positives depuis quasiment un mois, le Dow depuis fin février.

Alors que les droits de douane réciproques annoncés en l'espace de quelques heures par les Etats-Unis et la Chine ont fait souffler un vent de panique sur les marchés cette semaine, Larry Kudlow a rapidement rassuré les investisseurs en parlant de "négociation" avec Pékin et non de conflit commercial.

Le conseiller économique de Donald Trump s'est encore efforcé jeudi de tenir des propos apaisants en jugeant que les discussions commerciales entre les deux premières puissances économiques mondiales pourraient déboucher sur une "fin heureuse".

L'indice CBOE de la volatilité, considéré comme un baromètre de l'aversion au risque, est retombé sous 19, à un plus bas de deux semaines, en repli de plus de 5%.

"Les marchés semblent connaître une hausse de soulagement et c'est en partie motivé par le fait que nous ne sommes pas encore vraiment dans une guerre commerciale", dit Charlie Ripley, d'Allianz Investment Management.

John Brady, vice-président de R.J. O'Brien & Associates, souligne en outre que "le marché a déjà intégré beaucoup de mauvaises nouvelles sur le front commercial. Donc la capacité des marchés d'actions à aller significativement plus bas va être limitée."

BOEING ET CATERPILLAR BRILLENT

Alors que Donald Trump a fait de la lutte contre le déficit commercial des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine une priorité, le département américain du Commerce a annoncé jeudi que ce déficit s'était nettement réduit en février.

Les poids lourds du secteur industriel les plus sensibles à ces aléas commerciaux, qui avaient été les plus durement touchés mercredi par l'annonce des représailles chinoises aux droits de douane américains, ont redressé la tête jeudi, à l'instar de Boeing (+2,74%), principal contributeur à la hausse du Dow Jones, et de Caterpillar (+2,03%).

Du côté des géants des nouvelles technologies, dont le modèle économique a paru menacé ces dernières semaines par la perspective d'un durcissement de la réglementation, le soulagement a aussi été de mise.

Bien qu'une nouvelle fois pris à parti par Donald Trump, dont les attaques successives ont ébranlé le géant du commerce en ligne depuis plus d'une semaine, Amazon a grimpé de 2,92%, principal soutien du S&P-500 et du Nasdaq.

Facebook a regagné 2,73%. Son directeur général, Mark Zuckerberg, a assuré que le réseau social n'avait constaté "aucun impact significatif" du scandale lié au détournement des données de plusieurs dizaines de millions d'utilisateurs. Ce scandale a tout de même fait fondre la capitalisation boursière du groupe de 77 milliards de dollars en 13 séances mais les analystes gardent foi en Facebook puisque sur les 45 suivant la valeur, 41 sont toujours au moins à "achat".

La journée a en revanche été mauvaise pour les fabricants de semi-conducteurs. Micron a chuté de 6,65%, plus forte baisse du S&P-500, alors qu'UBS a entamé son suivi sur la valeur à "vendre", tandis que Nvidia a lâché 2,15% à 221,38 dollars, le spécialiste de la vente à découvert Citron Research s'attendant à voir le titre descendre sous 200 dollars.

Environ 6,4 milliards d'actions ont été échangées au cours de la séance sur les différents marchés américains, contre une moyenne de 7,3 milliards sur les 20 séances précédentes.

L'accalmie sur le front commercial a profité au dollar, qui a atteint des plus hauts de trois semaines face au yen et de 10 semaines face au franc suisse, deux devises recherchées en période d'incertitude. L'euro a cédé plus de 0,3% face au billet vert pour revenir vers 1,2240 dollar.

Le regain d'appétit pour le risque chez les investisseurs a aussi fait grimper les rendements des emprunts du Trésor américain, le 10 ans remontant à 2,83% après être tombé jusqu'à 2,75% mercredi.

L'or, autre valeur refuge, a perdu 0,5% sous 1.330 dollars l'once.

Les cours du pétrole ont pour leur part fini en légère hausse, l'apaisement apparent entre les Etats-Unis et la Chine l'emportant sur le raffermissement du dollar.

(Avec Sruthi Shankar à Bangalore; Bertrand Boucey pour le service français)

par Caroline Valetkevitch