par Sarah N. Lynch et Emily Stephenson et Rick Rothacker et Sarah Morris

8 novembre (Reuters) - Wall Street a misé sur Mitt Romney et Wall Street a perdu. Les marchés financiers doivent désormais s'attendre à ce que le président Barack Obama, réélu pour quatre ans, durcisse la régulation, ce qui devrait inciter les investisseurs à tenter de resserrer leurs liens avec les nouvelles autorités de contrôle.

Longtemps déjà avant le scrutin de mardi, Barack Obama avait perdu le soutien de Wall Street, la réforme Dodd-Frank lancée en 2010, censée assainir le système financier, ayant réduit de plusieurs milliards de dollars les profits du secteur.

Le démocrate n'a jamais fait mystère de son dédain à l'égard des "nababs de la finance" qui "n'ont toujours pas compris" et les banquiers craignent de perdre des milliards de dollars supplémentaires s'ils ne parviennent pas à influencer la mise en oeuvre de la législation sur la finance.

"Il va continuer de durcir la régulation, diaboliser et vilipender le business et dépenser beaucoup d'argent, taxer les gens et ainsi de suite", juge Dick Kovacevich, ancien directeur général de Wells Fargo et soutien affiché du candidat vaincu, Mitt Romney.

L'inquiétude de Wall Street se nourrit également de l'élection au poste de sénateur du Massachusetts d'Elizabeth Warren, venue de l'aile gauche du parti démocrate et très sensible au thème de la protection des consommateurs.

Elizabeth Warren a joué un rôle central dans la création du Bureau de la protection financière des consommateurs, un organisme qui, selon ses détracteurs, menace de faire ployer l'économie sous le poids de la réglementation.

Pendant la campagne, les salariés du secteur de la finance ont donné 20 millions de dollars pour la campagne du camp républicain contre 6 millions pour celle des démocrates. En 2008, au contraire, Barack Obama avait reçu 16 millions contre 9 millions pour son adversaire d'alors, John McCain.

RENOUER LE DIALOGUE

"J'ai voté Obama en 2008 mais j'ai évidemment cru que Romney serait plus capable de régler les problèmes auxquels nous sommes confrontés", dit Scott Sperling, coprésident du groupe de capital investissement Thomas H Lee Partners. "Il nous revient maintenant de travailler avec le gouvernement de manière productive pour résoudre ces questions."

Certains lobbyistes du secteur bancaire ont prévenu qu'ils s'efforceraient d'influencer le choix des responsables que Barack Obama placera à la tête des principales autorités de régulation au cours de son second mandat.

Parmi les principaux reproches des financiers figure la "règle Volcker", qui empêche les banques d'investir leurs propres capitaux sur les marchés financiers, et l'amendement Durbin, qui limite les commissions prélevées sur les commerçants lors des transactions réalisées avec des cartes de crédit.

Les banques souhaitent aussi voir assouplies les normes qui leur sont imposées en matière de fonds propres, qui pèsent sur leur rentabilité.

Le départ imminent de certains poids lourds de l'administration Obama offre l'opportunité à Wall Street de pousser ses pions et une chance unique de rebâtir un lien de confiance.

Timothy Geithner, le secrétaire au Trésor, a prévenu qu'il ne souhaitait pas continuer et il pourrait être remplacé par l'actuel secrétaire général de la Maison blanche, Jack Lew, un ancien de Citigroup. (voir: )

"J'espère qu'Obama va mettre quelqu'un qui comprend les questions de déficits et qui aura la stature nécessaire au Capitole pour négocier certains volets de la réforme budgétaire", a dit Sheila Bair, ancienne présidente de la Federal Deposit Indurance.

Le mandat de Mary Schapiro, la présidente de la SEC l'autorité des marchés financiers américains) court jusqu'en juin 2014 mais les spéculations sur son départ vont bon train depuis plus d'un an. (Nicolas Delame pour le service français)