* BHP a jusqu'à 16h00 GMT pour faire une offre ferme, mais a demandé un délai supplémentaire

* L'offre de BHP difficile à exécuter, érode la valeur - Anglo

* BHP offre des garanties sur les emplois et les coûts de propriété en Afrique du Sud

par Melanie Burton

LONDRES/JOHANNESBOURG/MELBOURNE, 29 mai (Reuters) -

Anglo American a rejeté mercredi la demande de BHP Group de prolonger le délai pour discuter d'une offre de rachat de 49 milliards de dollars (45,19 milliards d'euros), qu'il a jugée très complexe.

Anglo avait accordé à BHP une prolongation d'une semaine, jusqu'à 16h00 GMT mercredi, de son délai initial du 22 mai pour soumettre une offre contraignante, après avoir rejeté une troisième proposition de rachat qu'elle jugeait difficile à exécuter.

BHP a encore jusqu'à la fin de la journée pour présenter une offre ferme ou se retirer. Le groupe n'a pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire, bien qu'il ait déjà indiqué précédemment ne pas vouloir lancer d'offre hostile.

L'action BHP a clos à un niveau inchangé mercredi, à 45,08 dollars australiens. Le titre Anglo restait stable à 09h50 GMT.

Anglo, société cotée à Londres, a accepté de négocier avec BHP pour tenter de dissiper les inquiétudes concernant la structure de l'opération proposée, notamment la condition imposée à Anglo de dissocier ses unités sud-africaines de production de platine et de minerai de fer avant le rachat.

Dans une déclaration précédente, BHP a indiqué avoir besoin de davantage de temps pour s'engager avec Anglo, tout en présentant des garanties visant à réduire au minimum les risques réglementaires en Afrique du Sud.

Ces engagements comprenaient la sécurité de l'emploi pour les salariés en Afrique du Sud. BHP a également déclaré vouloir assumer les coûts de l'augmentation de l'actionnariat des salariés sud-africains, qui devrait être exigée dans le cadre d'une éventuelle scission.

Anglo a toutefois estimé ces mesures insuffisantes.

"BHP continue de réaffirmer sa conviction que les risques liés à sa structure complexe ne sont pas significatifs, alors qu'elle a déclaré de manière répétée et cohérente, à la fois publiquement et au cours des engagements, qu'elle n'était pas disposée à modifier la structure qu'elle proposait pour assumer ces risques", a déclaré Anglo dans un communiqué.

COUP ÉCONOMIQUE

Un retrait d'Anglo, qui a été fondé à Johannesburg en 1917 et emploie plus de 40.000 Sud-Africains, porterait un nouveau coup économique au pays, dont les mineurs ont supprimé des emplois et des investissements face à la baisse de la demande de platine.

Les analystes chez JP Morgan estiment qu'un rachat d'Anglo par BHP pourrait provoquer une sortie de 4,3 milliards de dollars d'Afrique du Sud et affaiblir le rand.

"L'annonce d'aujourd'hui me semble indiquer que BHP fait tout son possible pour apaiser les inquiétudes que le conseil d'administration d'Anglo pourrait avoir du point de vue de l'emploi en Afrique du Sud et de la réglementation", a déclaré Hayden Bairstow, analyste chez Argonaut à Perth à propos de la demande de délai supplémentaire de BHP.

Une source proche du dossier a cependant déclaré que les investisseurs d'Anglo exprimaient des réserves quant à la proposition de BHP.

"La majorité des actionnaires d'Anglo comprennent parfaitement les préoccupations exprimées et je ne pense pas qu'ils estiment que les risques liés à la structure et au prix soient pleinement pris en compte par BHP", a déclaré la source.

Selon la dernière proposition de BHP, Anglo serait valorisée à 29,34 livres par action, soit 38,6 milliards de livres.

Selon une personne au fait de la situation, la soumission d'une offre par BHP avant la date limite de mercredi était quasiment impossible et la réaction d'Anglo aurait effectivement pu faire échouer l'opération.

Le rachat d'Anglo renforcerait la position de BHP dans le secteur du cuivre et d'autres métaux essentiels au passage à l'énergie propre. Anglo, pour sa part, a élaboré son propre plan visant à céder les actifs les moins rentables et à se concentrer sur l'augmentation de la production de cuivre. (Reportage Melanie Burton à Melbourne et Scott Murdoch à Sydney, avec la contribution de de Clara Denina à Londres, Felix Njini à Johannesburg et Sameer Manekar à Bangalore ; version française Dagmarah Mackos, édité par Kate Entringer)