(Actualisé, réaction de Washington, §§ 9, 10)

DUBAI, 28 janvier (Reuters) - L'Iran, apparemment soucieux de faire étalage de systèmes balistiques qui inquiètent les pays occidentaux, a annoncé lundi avoir lancé avec succès dans l'espace une capsule transportant un singe vivant.

Cette annonce, émanant du ministère de la Défense, survient alors que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu plus l'Allemagne peinent à arrêter une date et un lieu pour reprendre des pourparlers laborieux sur le programme nucléaire de la République islamique.

Les Six ont proposé de nouvelles discussions en février, a dit lundi un porte-parole de Catherine Ashton, Haute Représentante de la diplomatie des Vingt-sept. Quelques heures auparavant, la Russie avait exhorté toutes les parties à "cesser de se chamailler comme des enfants" et à convenir d'une date.

Le ministère iranien de la Défense dit que le lancement du singe dans l'espace a coïncidé avec la date de l'anniversaire du prophète Mahomet, qui tombait la semaine dernière. L'agence de presse officielle Irna n'a donné aucune date précise.

Ce lancement a représenté "un nouveau pas de géant" en matière de technologie spatiale et de recherche biologique qui sont, écrit Irna, "le monopole d'une poignée de pays".

Une photo montre un petit singe gris attaché sur un siège capitonné au moment de son embarquement dans la fusée "Kavosghar", baptisée "Pishgam" (Pionnier), et qui a atteint l'altitude de plus de 120 km.

"L'engin est rentré sans encombres sur Terre à la vitesse attendue et avec l'organisme vivant", a déclaré le ministre de la Défense, Ahmad Vahidi, à l'agence de presse Fars. "Le lancement de 'Kavoshgar' et sa récupération constituent la première étape vers le lancement, lors de la prochaine phase, d'êtres humains dans l'espace".

L'information, qui signalerait une avancée majeure dans le programme spatial et balistique de la République islamique, n'a pas été confirmée de source indépendante. Aucune puissance occidentale n'avait signalé ce lancement. L'Iran avait annoncé son intention d'envoyer un singe dans l'espace en 2011, mais les essais avaient échoué.

A Washington, la porte-parole du département d'Etat Victoria Nuland n'a pu confirmer l'information donnée par Téhéran mais a souligné que si la nouvelle était vraie, cela serait "très préoccupant".

Un tel lancement, a-t-elle ajouté, violerait la résolution 1929 du Conseil de sécurité de l'Onu qui interdit à l'Iran de se livrer à "toute activité liée aux missiles balistiques capables de transporter des charges nucléaires".

Les fusées de longue portée utilisées par l'Iran pour mettre en orbite des satellites peuvent servir au lancement d'ogives nucléaires. Téhéran dément avoir de telles intentions et affirme que son programme atomique a une visée exclusivement civile. (Yeganeh Torbati, avec William MacLean et Marcus George à Dubaï, Justyna Pawlak à Bruxelles et Fredrik Dahl à Vienne; Julien Dury, Jean-Loup Fiévet et Guy Kerivel pour le service français)