FRANCFORT (dpa-AFX) - Le Dax a renoué avec ses récents gains en ce début de semaine. "Les feux de bourses sont au vert, les investisseurs passent en mode "risk on"", a écrit l'analyste Claudia Windt de la Landesbank Hessen-Thüringen (Helaba). La disparition des craintes inflationnistes et les nouveaux espoirs de baisse des taux d'intérêt qui en découlent ainsi que l'atténuation des incertitudes politiques y contribuent.

Dans ce contexte, l'indice directeur allemand a pu se rapprocher un peu plus de son record atteint en mai à près de 18.893 points et quitter ainsi sa récente tendance à la baisse. Toutefois, l'un des moteurs du récent rallye sera mis à l'épreuve dès dimanche. En effet, si le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen obtient contre toute attente la majorité absolue au second tour des élections législatives françaises, les incertitudes politiques qui en découleront risquent de provoquer des turbulences sur les marchés boursiers.

Les derniers sondages ne vont pas dans ce sens. L'expert de Helaba Windt a toutefois rappelé que seuls 75 des 577 sièges de l'Assemblée nationale avaient été attribués. Certes, le bloc du président Emmanuel Macron et la gauche ont retiré un certain nombre de candidats afin d'éviter une majorité absolue du RN. Toutefois, de nouvelles incertitudes pourraient survenir sur les marchés financiers si, à la surprise générale, le bloc de gauche l'emportait.

Toujours est-il qu'en Allemagne, juste avant les vacances d'été, le gouvernement Ampel s'est finalement mis d'accord sur un budget pour 2025 qui devrait à la fois respecter le frein à l'endettement et inclure un "turbo de croissance", a souligné Windt de manière positive. Au vu des derniers chiffres de la production allemande en mai, il serait bon que celui-ci se déclenche rapidement. En effet, tant la production que l'évolution des commandes avaient déçu. "Encore une mauvaise nouvelle pour l'industrie", a commenté l'économiste Jens-Oliver Niklasch de la Landesbank Baden-Württemberg. "Il semble qu'un tournant vers le mieux soit plus éloigné que jamais".

Un autre moteur essentiel des marchés boursiers est la perspective d'une baisse des taux d'intérêt directeurs aux États-Unis, plus tôt que tard. Cela va de pair avec l'espoir d'une impulsion conjoncturelle pour l'économie mondiale grâce à la baisse des coûts de financement pour les entreprises et les consommateurs. Pour cela, il ne faut pas que les chiffres de l'inflation américaine de juin, qui seront publiés jeudi, déçoivent de manière significative.

Les chiffres de l'inflation américaine seront un facteur déterminant pour la décision de la Fed sur les taux d'intérêt, a écrit Edgar Walk, économiste en chef du gestionnaire d'actifs Metzler Asset Management. Pour l'instant, les données sont ambiguës. De janvier à avril, l'inflation a surpris par son niveau élevé, ce qui a suscité des inquiétudes quant à la persistance de la hausse des prix. Mais en mai, la hausse des prix s'est considérablement ralentie.

"Si l'inflation est restée faible en juin, rien ne s'oppose à une baisse des taux directeurs en septembre. Peut-être même le mois de juillet pourrait-il revenir dans le jeu", a résumé M. Walk. Les chiffres de l'emploi américain pour le mois de juin, publiés vendredi, s'inscrivent dans ce contexte et n'ont pas suscité de nouvelles inquiétudes en matière d'inflation.

Robert Halver, responsable de l'analyse des marchés de capitaux chez Baader Bank, est plutôt optimiste pour la semaine à venir. Le blues estival que l'on observe souvent sur le marché des actions devrait cette fois-ci rester limité. Au contraire, le modèle bien connu devrait se poursuivre dans un premier temps, selon lequel les sorties par le haut sont certes freinées par des prises de bénéfices, mais les glissements de cours sont perçus comme des opportunités d'entrée.

Même pendant la période estivale, typiquement faible en termes de chiffre d'affaires, cela plaide au moins pour une évolution latérale volatile, poursuit Halver. En effet, d'une part, les aspects négatifs tels que la conjoncture mondiale difficile ou l'incertitude politique en France sont connus ou considérés comme gérables. Et d'autre part, "l'amélioration des perspectives économiques et le fantasme de baisse des taux qui se matérialise tendent un filet de sécurité contre les chutes de cours". Après tout, contrairement à la Fed, la Banque centrale européenne a déjà pris le virage de la politique monétaire et a baissé ses taux directeurs en juin pour la première fois depuis près de cinq ans.

Sinon, les investisseurs devraient se tourner vers New York vendredi. Les grandes banques américaines présenteront leurs résultats du deuxième trimestre, marquant ainsi le début de la saison des résultats aux États-Unis. Dans notre pays, celle-ci ne démarre que lentement. Le groupe Südzucker et le fabricant d'emballages Gerresheimer sont particulièrement attendus jeudi avec leurs rapports trimestriels.

--- Par Lutz Alexander, dpa-AFX ---