Paris (awp/afp) - L'inflation tenace continuait de dégrader les marchés actions, confrontés à une flambée plus forte que prévue des prix à la consommation en janvier aux Etats-Unis qui laisse présager un resserrement accéléré de la politique monétaire de la Réserve fédérale.

Dans le sillage des places asiatiques, les indices européens perdaient 1,15% à Paris, 0,40% à Francfort, 0,76% à Londres et 1,40% à Milan vers 12H13 GMT. En Suisse, l'indice vedette SMI abandonnait 0,66%.

La tendance ne devrait pas s'améliorer à la Bourse de New York, qui avait fortement reculé jeudi à la suite des chiffres de l'inflation (+7,5% sur un an en janvier) qui ont poussé le rendement du 10 ans américain au-delà des 2%.

Les contrats à terme sur les principaux indices signalaient une baisse de 0,69% pour le Nasdaq, à forte coloration technologique et de 0,49% sur le S&P avant l'ouverture.

"Ce ne sont pas les doutes sur la croissance mais bien les banques centrales qui sont en train d'appuyer sur le marché", en devant s'ajuster à une inflation plus tenace que prévu, explique Frédéric Rollin conseiller d'investissement pour Pictet AM, au cours d'un point en ligne.

L'accélération de l'inflation a renforcé les craintes que les mesures attendues de resserrement monétaire ne soient finalement plus importantes qu'anticipé alors qu'une grande partie des analystes prévoient désormais jusqu'à sept hausses de taux de la Fed cette année dont la première en mars.

Certains d'entre eux craignent même que la Fed opère un relèvement des taux de façon impromptue sans attendre la prochaine réunion officielle de son Comité monétaire les 15 et 16 mars, comme l'a suggéré jeudi un des membres de ce comité, James Bullard sur Bloomberg News.

Le patron de la Fed de St Louis s'est dit convaincu de la nécessité d'augmenter les taux de 50 points de base en mars, soit le double de ce qui est communément appliqué, pour arriver à une hausse de 100 points de base, soit 1% au total d'ici juillet en réponse "à un choc inflationniste" non anticipé.

Cette perspective a donné lieu à un recalibrage énergique sur le marché obligataire: le rendement des emprunts d'Etat américains à dix ans se maintenait au-dessus des 2% vendredi à 11H55 GMT, un seuil franchi jeudi pour la première fois depuis juillet 2019.

Depuis des mois, les marchés spéculent sur le degré de réponse des banques centrales face à la montée des prix, qu'elles ont estimée longtemps comme transitoire avant de revoir leur copie face à une flambée des prix de l'énergie, ainsi qu'aux tensions sur les approvisionnements et la main d'oeuvre.

L'inflation va-t-elle faire perdre confiance aux consommateurs? Les investisseurs en sauront plus après l'indice de l'Université du Michigan de février.

Ils sont aussi sur le qui-vive quant à la situation internationale autour du dossier ukrainien, qui pourrait "vite s'emballer", selon Washington, malgré les efforts diplomatiques des dernières semaines.

Delivery Hero poursuit sa chute

Le titre du spécialiste de la livraison de repas s'enfonçait de 10,3% à 41,70 euros, après avoir lâché 30% jeudi, les investisseurs ont été déçus par les résultats et prévisions de la jeune entreprise alors que tout le secteur, très recherché au début de la pandémie, a perdu en attractivité. La chute entre hier et aujourd'hui équivaut à environ 6 milliards d'euros de capitalisation partie en fumée en deux jours.

Du côté du pétrole, de l'euro et du bitcoin

Les prix du pétrole augmentaient légèrement vendredi, portés par des prévisions optimistes sur la demande en or noir, conjuguées à une offre toujours limitée dans un marché tendu.

Vers 12H10 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril augmentait de 0,70% à 92,06 dollars.

À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mars prenait 0,85% à 90,64 dollars.

L'euro cédait 0,31% face au billet vert, à 1,1394 dollar.

Le bitcoin fléchissait de 0,74% à 43.544 dollars.

afp/al