Paris (awp/afp) - Les marchés mondiaux étaient ébranlés mardi par la décision du président russe de reconnaître l'indépendance des territoires séparatistes ukrainiens, faisant craindre un conflit majeur.

Les indices boursiers trébuchaient en Europe comme en Asie, au lendemain d'une journée déjà rouge vif.

Peu après l'ouverture, Paris perdait 1,12%, Londres 1,03%, Francfort 2,14%, Milan 2,20% vers 08H30 GMT. En Suisse, l'indice vedette SMI abandonnait 1,10%.

A la Bourse de Moscou, les deux principaux indices dégringolaient de 5,50% pour le RTS et 4,60% pour le Micex, soit des chutes d'environ 15% en deux jours. La monnaie russe dévissait également, un dollar s'échangeant pour 80,02 roubles.

Plus tôt en Asie, Hong Kong a lâché 2,69%, Shanghai 0,96% et Tokyo 1,71%.

Les ajustements des investisseurs provoquaient également une envolée des prix du pétrole et un afflux vers les valeurs perçues comme plus sûres, comme les emprunts des Etats, dont les taux d'intérêt baissaient nettement. Le 10 ans américain évoluait loin de la barre des 2% au-dessus duquel il était monté début février (1,88%).

Vladimir Poutine a reconnu lundi l'indépendance des territoires séparatistes de l'Est de l'Ukraine et a ordonné à ses troupes d'entrer dans ces territoires.

Deux accords d'entraide entre Moscou et les sécessionnistes, d'une durée de dix ans, doivent être ratifiés par le Parlement russe mardi. Ils prévoient le déploiement "des unités militaires russes nécessaires au maintien de la paix dans la région et d'assurer une sécurité durable aux parties".

Cette "déclaration laisse entendre également la fin de l'accord de Minsk et accroît clairement le risque d'une invasion russe en Ukraine dans les prochains jours", explique Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.

Cette décision pourrait en effet déclencher une guerre entre la Russie et l'Ukraine, où le président Volodymyr Zelensky a qualifié "les derniers actes de la Russie de violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale", assurant que Kiev ne cèderait pas "une parcelle".

La manoeuvre a également été largement condamnée par les Occidentaux, qui ont annoncé des sanctions, et l'ONU, qui a tenu dans la nuit une réunion d'urgence du conseil de sécurité.

Le président Joe Biden a publié lundi un décret qui interdit tout nouvel investissement, échange ou financement par des personnes américaines à destination, en provenance ou dans les régions prorusses de Donetsk et Lougansk.

Coup de chaud sur les matières premières

La perspective d'une guerre et de sanctions strictes crée des inquiétudes concernant l'approvisionnement d'une série de produits de base provenant de la région, notamment le pétrole, le blé et le nickel.

Le brut -- déjà en hausse de plus de 20% cette année en raison de l'envolée de la demande -- grimpait encore mardi, le Brent se rapprochant de la barre des 100 dollars le baril pour la première fois depuis 2014.

Vers 08H25 GMT, le cours du baril de Brent de la mer du Nord prenait 3,52% à 98,70 dollars et celui du baril de WTI américain gagnait 4,62% à 95,28 dollars.

Ces hausses des prix profitaient en Bourse aux entreprises pétrolières comme BP (+0,95% à 391,75 pence) et Shell (+1,58% à 1.975,20 pence) à Londres.

La crise géopolitique éclipse tout autre sujet. Cependant une hausse des prix de ces matières premières ne fera pas les affaires des banques centrales, déjà pressées de réduire leur soutien monétaire pour endiguer l'inflation.

Une responsable de la Banque centrale américaine (Fed) a d'ailleurs déclaré lundi s'attendre à une forte inflation pendant tout le premier semestre, plaidant pour une politique monétaire plus restrictive.

Alibaba à nouveau dans le viseur en Chine

Le titre Alibaba a perdu 3% à Hong Kong après que Pékin a ordonné à ses entreprises publiques de réexaminer leurs liens avec Ant, la filiale de paiement du géant chinois du commerce en ligne, selon l'agence Bloomberg.

Du côté de l'euro et du bitcoin

L'euro montait de 0,06% à 1,1317 dollar.

Le bitcoin perdait 0,18% à 37.000 dollars.

afp/al