Paris (awp/afp) - Les marchés craignaient vendredi que le resserrement monétaire des banques centrales américaine et européenne ne se prolonge au vu des pressions inflationnistes qui leur donnent des marges de manoeuvre pour remonter encore plus les taux.

Les indices européens s'essoufflaient après plusieurs séances de hausse et reculaient de 0,65% à Paris, de 0,78% à Milan, de 0,90% à Francfort et de 0,25% à Londres vers 12H15 GMT (13H15 HEC). Plus tôt, l'Asie a fini dans le rouge.

Wall Street devrait prolonger sa baisse de la veille, les contrats à terme laissant présager une ouverture en repli de 0,48% à 0,82%.

Jeudi, la progression plus forte que prévu de l'indice des prix à la production (PPI) aux États-Unis en janvier a jeté un froid en renforçant l'idée que la Réserve fédérale américaine (Fed) pourrait faire encore davantage pour combattre l'inflation, une bataille qu'elle mène depuis près d'un an.

"La question de savoir dans quelles proportions les conditions sont restrictives actuellement, et combien de temps elles devront le rester, demeure ouverte", estime Tiffany Wilding, économiste chez PIMCO.

"Pour l'instant, les données économiques sont cohérentes avec la possibilité de quelques hausses supplémentaires", poursuit-elle.

Les commentaires du patron de l'antenne de la Fed de St Louis, James Bullard, et de la présidente de la Fed de Cleveland Loretta Mester ont relancé jeudi les craintes d'une hausse des taux directeurs de 50 points de base lors de la prochaine réunion de mars de la banque centrale, après une augmentation plus modérée en février.

Le mois dernier, les investisseurs espéraient que la Fed ferait une pause dans son cycle de resserrement monétaire et qu'elle commencerait même à réduire ses taux à la fin de l'année.

La zone euro aussi est "loin de crier victoire sur l'inflation" et confrontée à "un risque que l'inflation se révèle plus persistante que ce qui est évalué actuellement par les marchés financiers", a affirmé Isabel Schnabel, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) dans un entretien à l'agence d'informations financières Bloomberg publié vendredi.

Sur le marché de la dette, les rendements souverains se tendaient, le bon du Trésor américain à 10 ans valait 3,89%, son équivalent allemand (Bund) montait à 2,51% et le rendement de l'emprunt français à 10 ans à 2,96%.

Hermès continue de briller

Le groupe de luxe a annoncé de nouveaux résultats records avec une hausse de son bénéfice net de 38%, mais n'a pas décidé de distribuer de dividende spécial en dépit de sa situation de trésorerie record. L'action lâchait 0,43% à 1733,50 euros vers 12H00 GMT et le reste du secteur suivait la tendance négative.

Mercedes-Benz sous une bonne étoile

Le constructeur automobile a augmenté son bénéfice net de 34% en 2022 à 14,8 milliards d'euros, mais reste prudent pour 2023, prévoyant des revenus stables et un bénéfice d'exploitation en légère baisse. L'action prenait 2,44% vers 12H00 GMT.

Allianz déçoit

L'assureur allemand (-2,71%) a certes dégagé un résultat opérationnel historique l'an dernier, malgré un contexte turbulent, mais il compte simplement le stabiliser cette année et n'a pas annoncé par ailleurs de nouveau programme de rachat d'actions, décevant les attentes d'investisseurs.

Du côté des devises et du pétrole

Le dollar était soutenu par la perspective d'un resserrement monétaire plus strict.

Vers 12H00 GMT, le dollar se renforçait face à l'euro et au yen, prenant 0,45% à 1,0625 dollar pour un euro et 0,82% face au yen, à 135,04 yens pour un billet vert.

Le marché du pétrole restait lesté par le bond des stocks hebdomadaires américains et le retour de la perspective d'un resserrement monétaire prolongé aux Etats-Unis.

Le baril de WTI américain perdait 3,03% à 76,11 dollars et le baril de Brent de la mer du Nord abandonnait 2,95% à 82,62 dollars.

Le contrat à terme du TTF néerlandais, qui fait référence sur le marché européen, s'échangeait pour moins de 50 euros le mégawattheure (MWh) pour la première fois depuis septembre 2021.

afp/rq