Le véhicule coté du Crédit agricole, lesté en 2012 par une perte historique pour partie liée à sa sortie de Grèce, veut dégager un résultat "significativement positif" cette année et présentera à l'automne aux côtés de sa maison mère un nouveau plan stratégique.

À 10h, l'action CASA gagne 3,8% à 8,137 euros à la Bourse de Paris, son plus haut niveau depuis août 2011, dans des volumes représentant déjà 1,2 fois leur moyenne quotidienne des trois derniers mois.

Le titre, en tête des hausses du CAC 40 (+0,1%), surperforme l'indice sectoriel des banques de la zone euro (+0,02%). Depuis le 1er janvier, il s'offre près de 34%.

"Il s'agit d'une bonne publication qui dépasse le consensus dans toutes les divisions", souligne un opérateur de marché au sujet des résultats, diffusés par erreur lundi soir sur le site internet de la banque française.

Entre avril et juin, CASA a vu son résultat net multiplié par 12,6 à 696 millions d'euros, pour un produit net bancaire (PNB) en très légère baisse, de 0,9%, à 4,39 milliards.

Les analystes du consensus Thomson Reuters anticipaient en moyenne un bénéfice net de 514 millions et un PNB de 4,16 milliards.

Soutenu par les activités de taux, le pôle de banque de financement et d'investissement a enregistré un résultat net en hausse de 38,1% à 254 millions d'euros et un PNB en progression de 3,6% à 1,04 milliard.

La Société générale, la semaine dernière, a également fait état d'une solide performance de ses activités de marché au deuxième trimestre. BNP Paribas a de son côté constaté une baisse de près de 40% du résultat avant impôt de cette division.

Pénalisés par la conjoncture, les revenus de CASA à l'international s'inscrivent en diminution de 5,9% à 612 millions d'euros.

Le PNB du Crédit agricole dans la banque de détail en France a progressé de 3,4% à près de 3,6 milliards d'euros tandis que celui du LCL, comptabilisé chez CASA, a reculé de 4,1% à 960 millions.

"(En France), la production industrielle s'est redressée (et) la consommation des ménages résiste. Néanmoins nous restons prudents sur le moyen et long terme", a déclaré Jean-Paul Chifflet, directeur général de CASA, à des journalistes.

Le rebond de la confiance des ménages en juillet conforte le sentiment que l'économie française est sortie de la récession, même si les économistes préviennent qu'il est encore trop tôt pour parler d'une véritable reprise.

AVANCE SUR LES RATIOS

Le groupe Crédit agricole souligne que son ratio common equity tier one Bâle III atteignait 10% au 30 juin, avec six mois d'avance sur son objectif initial, et précise que son "ratio de levier" (le rapport entre les fonds propres et le total des engagements de la banque) s'élevait à 3,5% à la même date.

Les banques européennes devront afficher un ratio de levier au moins égal à 3% en 2018. Aux Etats-Unis, le régulateur envisage de porter ce seuil à 6% pour les huit plus grands établissements du pays.

Les banquiers français ont critiqué la pertinence de ce ratio ces dernières semaines, mettant en avant sa dimension trop "frustre" à leurs yeux puisque sans pondération des risques, une pondération définie toutefois par chaque établissement.

D'autres experts estiment que le ratio de levier - de fait plus difficile à manipuler - offre au contraire une vision plus réaliste de la solidité des banques.

La 'banque verte' a communiqué un ratio de levier calculé au niveau du groupe - pas pour la structure cotée - un motif de préoccupation pour certains analystes que le directeur financier de CASA, Bernard Delpit, s'est employé à relativiser :

"Il est normal que les analystes s'interrogent sur la partie cotée, c'est tout à fait légitime de leur part. Cela ne nous empêche pas de considérer que c'est au niveau du groupe que se gèrent les questions de solvabilité, c'est d'ailleurs à ce niveau-là que nous dialoguons avec le régulateur et les agences de notation."

Le dirigeant a ajouté que les effectifs de Crédit agricole, qui comptait près de 150.000 collaborateurs à la fin de 2012, avaient diminué de près de 10% d'un trimestre sur l'autre.

Avec Blaise Robinson et Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Dominique Rodriguez

par Matthias Blamont et Christian Plumb