Lors d'une conférence téléphonique très attendue, le directeur financier du numéro un mondial du luxe a indiqué que la croissance organique de Louis Vuitton n'avait pas été "très différente" de celle de l'ensemble de la division mode-maroquinerie, alors que les analystes l'évaluent autour de 1% à 2% seulement.

Le malletier pèse pour plus de 70% des ventes de la division dont la croissance à taux de change constants est tombée à 3% au premier trimestre - après une décélération à 5% au second semestre 2012 - alors que les analystes s'attendaient en moyenne à une progression de 5%.

Vuitton, dont la croissance faiblit depuis six trimestres consécutifs, a signé, au premier trimestre, sa plus faible progression depuis la fin 2009 et nombre d'analystes estiment que les marges du groupe s'en trouveront affectées.

Le directeur financier a expliqué la contre-performance du premier trimestre par des conditions toujours difficiles en Europe et par un "une demande dans la partie Est du monde (la Chine), qui fait défaut depuis neuf à dix mois".

"Notre modèle est bâti pour une plus forte croissance", a reconnu Jean-Jacques Guiony.

Il a précisé que les ventes de la division mode-maroquinerie avaient été stables en Europe et en Chine, avaient augmenté de 5% aux Etats-Unis et dépassé les 10% au Japon, où la baisse du yen a provoqué une chute du tourisme japonais à l'étranger et un report des achats de produits de luxe dans le pays.

Il a évoqué une baisse du trafic dans les magasins Vuitton en Chine et de moindres flux touristiques en Europe, où les hausses de prix ont rendu les écarts de prix moins attractifs.

PEU D'ESPOIR DE REBOND A COURT TERME

Par ailleurs, en Europe du sud particulièrement touchée par la crise, la demande locale "reste négative", a-t-il ajouté.

"Il n'y a pas vraiment de raison d'espérer un rebond de Louis Vuitton, dont le gros problème aujourd'hui, est qu'il a zéro croissance en Chine", note un analyste sous couvert d'anonymat.

Pour Mario Ortelli (Bernstein), "les commentaires de ce jour ne permettent guère d'espérer une amélioration de la demande en Europe comme en Chine au prochain trimestre".

La puissante mécanique Vuitton s'est enrayée avec la crise en Europe et le ralentissement de l'économie chinoise mais aussi, aux dires des analystes, en raison d'une moindre attractivité auprès d'une riche clientèle chinoise lassée des logos et recherchant des produits plus exclusifs.

L'an dernier, les performances du maroquinier, inférieures à celles de ses concurrents Gucci (groupe PPR) ou Hermès - dans lequel LVMH a pris une participation de 22,6% - avaient déjà déçu.

Les incertitudes concernant la dynamique de la marque expliquent largement la sous-performance de LVMH en Bourse. Le titre accuse une baisse de 9% depuis le début de l'année, tandis que Hermès grimpe de 13,6%, PPR de 15% et que Burberry gagne 2%.

LVMH, qui ouvrait le bal des publications du secteur, a abandonné 3,8% en Bourse mardi à 126,25 euros, accusant la plus forte baisse de l'indice CAC 40 (-0,67%) et entraînant dans son sillage PPR (-1,8%), les suisses Swatch (-1,04%) et Richemont (-0,3%) et le britannique Burberry (-1,4%).

Au total, la croissance organique du groupe LVMH au premier trimestre (7%, légèrement inférieure aux 8% attendus) a été sauvée par la distribution sélective (+17%), nettement meilleure que prévu, et par la bonne tenue des vins et spiritueux (+7%).

Edité par Matthieu Protard

par Pascale Denis