Paris (awp/afp) - Les Bourses s'angoissaient vendredi devant l'accélération plus forte qu'attendu de l'inflation aux Etats-Unis, une mauvaise nouvelle avant la réunion de la Réserve fédérale la semaine prochaine qui faisait grimper les rendements obligataires.

L'ensemble des indices européens amplifiaient leur correction: Paris chutait de 2,59%, Francfort de 2,79%, Londres de 2,24% vers 14H05 GMT.

A la Bourse de New York, le Dow Jones perdait 2,23%, le Nasdaq 2,87% tandis que le S&P 500 cédait 2,43%.

La hausse des prix à la consommation s'est de nouveau accélérée en mai aux Etats-Unis, après un court répit en avril, et est désormais au plus haut depuis décembre 1981, essentiellement à cause des prix de l'énergie et de l'alimentation.

"Un coup dur pour l'appétit pour le risque" et "une preuve supplémentaire du travail de la Fed pour contrôler les pressions sur les prix", selon Craig Erlam, analyste chez Oanda.

Ce constat devrait achever de convaincre la Banque centrale américaine (Fed) de donner un tour de vis supplémentaire à ses taux directeurs la semaine prochaine lors de la réunion de son comité monétaire.

"On revient a priori sur une hausse des prix un peu plus généralisée. Tout semble repartir à la hausse de manière assez uniforme, ce n'est vraiment pas de bonne augure pour la Banque centrale. Il va falloir encore lutter contre l'inflation" en augmentant encore les taux directeurs, analyse Christian Parisot chez Aurel BGC.

L'indice des prix à la consommation (CPI) aux Etats-Unis a affiché en mai une hausse de 1% sur un mois, après 0,3% en avril. Et sur douze mois, l'inflation galope à 8,6%, contre 8,3% le mois précédent.

Sur un an, cependant, l'inflation sous-jacente (qui exclut les prix de l'alimentation et de l'énergie) ralentit par rapport à avril, à +6,0% les 12 derniers mois.

Jeudi, les annonces de la Banque centrale européenne (BCE) avaient déjà fait reculer les marchés. L'institution monétaire avait confirmé qu'elle cesserait des achats d'obligations début juillet sur les marchés et qu'elle relèverait ses taux en juillet d'un quart de point, comme attendu.

Elle a aussi indiqué qu'elle n'excluait pas une hausse plus conséquente en septembre si les perspectives d'inflation persistaient ou se dégradaient.

"Les risques de stagflation ont augmenté, l'inflation restant à un niveau plus élevé que souhaitable, tandis que le Produit intérieur brut mondial ralentit", indiquent les experts de Natixis Research CIB.

Les rendements grimpent avec le dollar

Très sensible aux anticipations d'inflation, le marché de la dette souveraine continuait d'être secoué. Les rendements des emprunts des Etats de la zone euro, qui s'étaient déjà emballés jeudi après le message de la BCE, continuaient de grimper après l'inflation américaine.

Le taux américain à deux ans s'approchait inexorablement des 3%, à 2,97%. Le taux allemand à maturité dix ans, qui fait référence dans la zone euro, enflait à 1,47% contre 1,43% la veille.

Le dollar bondissait face à la livre britannique et aux autres grandes devises. Vers 13H55 GMT (15H55 HEC), il gagnait 1% à 1,2366 dollar pour une livre, et 0,89% à 1,0524 dollar pour un euro, galvanisé par la perspective d'un durcissement de la politique monétaire aux États-Unis.

Le bitcoin perdait 3% à 29'247 dollars.

Les prix du pétrole poursuivent leur pause vendredi, de nouveaux confinements menaçant la demande de brut en Chine, gros consommateur d'or noir, dans un marché tendu où l'offre reste toujours restreinte.

Vers 13H45 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août cédait 0,86% à 122,01 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en juillet s'effritait de 0,77% à 120,57 dollars.

afp/buc