(actualisé avec réactions, § 9 à 16)

par Patrick Worsnip

NATIONS UNIES, 4 août (Reuters) - Après des jours de négociations, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté mercredi une déclaration condamnant l'usage de la force contre les civils par les autorités syriennes.

Le Liban, membre non permanent du Conseil de sécurité, s'est dissocié de la déclaration pour ne pas bloquer son adoption par les 14 autres membres.

Même si une déclaration n'a pas la même portée qu'une résolution, c'est l'initiative la plus forte des Nations unies depuis le début du soulèvement contre le président syrien Bachar al Assad il y a cinq mois.

La répression a déjà fait 1.600 morts parmi la population civile, selon l'opposition et les organisations des droits de l'homme, alors que l'assaut meurtrier lancé dimanche par l'armée syrienne contre la ville de Hama se poursuivait mercredi.

La déclaration lue par le président indien du Conseil de sécurité de l'Onu, Hardeep Singh Puri, condamne "les violations généralisées des droits de l'homme et l'usage de la force contre les civils par les autorités syriennes".

Elle réclame "la fin immédiate de toutes les violences" et presse "toutes les parties de faire preuve de la plus grande retenue et d'éviter les représailles, y compris les attaques contre les institutions de l'Etat".

Cette dernière phrase a permis de surmonter les réticences de la Russie et d'autres pays qui souhaitaient l'adoption d'une déclaration "équilibrée" qui fait porter sur les deux camps la responsabilité des violences.

La déclaration, qui a fait l'objet de trois jours d'intenses négociations, a été adoptée faute d'accord sur une "résolution", qui aurait été légalement contraignante mais risquait de se heurter à un veto de la Russie ou de la Chine.

JUPPÉ: UN TOURNANT

Cette déclaration, a fait valoir la représentante du Liban à l'Onu, Caroline Ziade, "ne contribue pas à traiter la situation présente en Syrie".

"Le régime Assad comptait sur le fait que le Conseil de sécurité serait dans l'incapacité de s'exprimer (d'une seule voix) et qu'il aurait des protecteurs et des défenseurs rendant impossible l'émergeance d'une condamnation. Ils seront sûrement surpris et déçus par cette issue", a réagi pour sa part la représentante américaine, Susan Rice.

Les déclarations du Conseil de sécurité ne sont pas soumises au vote mais elles doivent théoriquement être adoptées à l'unanimité des quinze membres. Un pays peut toutefois "s'abstenir", comme l'a fait le Liban - un cas rare mais qui s'est déjà présenté dans le passé.

Pour William Hague, le chef de la diplomatie britannique, cette déclaration "démontre que le président Assad est de plus en plus isolée".

Alain Juppé, qui a salué pour sa part dans un communiqué l'adoption de ce "message sans ambiguïté, considère qu'il s'agit d'"un tournant dans l'attitude de la communauté internationale".

"Nous appelons le gouvernement syrien à entendre, enfin, l'appel unanime de la communauté internationale", ajoute le ministre français des Affaires étrangères dans un communiqué.

La déclaration ne comporte aucune référence à d'éventuelles sanctions contre la Syrie ou à une possible saisine de la Cour pénale internationale (CPI). Elle demande simplement au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, de tenir le Conseil informé de la situation "dans les sept jours".

Mais l'ambassadeur de Grande-Bretagne à l'Onu, Mark Lyall Grant, parlant d'un possible "changement d'approche à l'égard du régime syrien", a indiqué que le Conseil de sécurité "continuera de surveiller étroitement la situation et d'examiner si nécessaire des actions complémentaires".

RENVOI

Pour le texte intégral de la déclaration du Conseil de sécurité, double-cliquer sur (Tangi Salaün et Henri-Pierre André pour le service français)