par Ayesha Rascoe

NEW YORK, 12 janvier (Reuters) - Le futur président américain Donald Trump a donné mercredi une première conférence de presse en forme de spectacle dramatique, apostrophant les uns, critiquant les autres, dans un décor formé d'une forêt de drapeaux américains.

Le milliardaire républicain, qui a été autrefois animateur d'une émission de télé-réalité, a commencé, créant la surprise, par complimenter le New York Times et d'autres organes de presse, lui qui a souvent accusé les médias de couvrir de façon malhonnête la campagne présidentielle pour l'élection du 8 novembre dernier.

La raison de ce coup de théâtre? Le New York Times et les autres complimentés se sont abstenus de faire état d'accusations non étayées selon lesquelles des agents russes détiendraient des informations personnelles et financières compromettantes sur Donald Trump.

Mais la phase des compliments a été de courte durée. Pour les organes de presse qui, a dit le futur président, ont choisi d'évoquer l'information, le site en ligne BuzzFeed qui a publié l'intégralité du rapport sur les allégations, et CNN, qui a été l'un des premiers médias à donner l'information sur le plan général, le président élu s'est montré cinglant.

"Vous, ce sont les fausses informations", a déclaré Trump au journaliste de CNN, Jim Acosta, qualifiant la chaîne de télévision d'horrible. L'homme d'affaires, qui sera à la Maison blanche le 20 janvier, a refusé de laisser le journaliste l'interroger malgré plusieurs tentatives de celui-ci de poser sa question en criant.

L'atmosphère s'annonçait tendue dès avant l'arrivée de Donald Trump devant son pupitre, dans le hall de sa tour à New York. L'équipe du président élu y avait installé 80 sièges, alors que 250 journalistes étaient attendus.

"VOUS ÊTES VIRÉS

A l'arrivée du président élu, un groupe de membres de son personnel et de ses partisans se trouvaient près des ascenseurs dans le hall de la tour, se sont mis à applaudir. Et ce groupe a fait la claque pendant toute la durée de la conférence de presse, applaudissant et manifestant bruyamment son approbation à chaque moment qu'il appréciait.

Les journalistes ne sont pas censés applaudir ou montrer un quelconque sentiment dans l'exercice de leur métier.

Le futur directeur de la communication de la Maison blanche, Sean Spicer, et le futur vice-président, Mike Pence, ont tous deux, dans leurs introductions respectives à la conférence de presse, critiqué les médias pour diffusion d'allégations sans fondement.

CNN a par la suite publié un communiqué.

"La décision de CNN de publier une information soigneusement sourcée sur les opérations de notre gouvernement est très différente de la décision de BuzzFeed de publier un mémo non étayé", lit-on dans le communiqué. "L'équipe de Trump le sait."

Le patron de BuzzFeed, Jonah Peretti, a défendu sa décision de mettre le rapport en ligne, affirmant dans une note au personnel qu'il s'agissait d'un "document valant la peine d'être publié".

Alors que les questions se faisaient plus pressantes, Donald Trump a donné la parole à un avocat qui a longuement expliqué devant les caméras de TV comment l'homme d'affaires devenu président des Etats-Unis allait éviter les conflits d'intérêt.

Au moment de conclure, le successeur de Barack Obama a montré des blocs de papier épais qui avaient été placés près de son pupitre au début de la conférence de presse et qui avaient intrigué les journalistes. Ils représentent, a-t-il dit, la paperasse qu'il a dû remplir pour commencer à placer ses affaires entre les mains de ses fils pendant le temps où il sera président, soit pour ne période de huit ans maximum.

Et si, après huit années, il trouve que ses fils ont mal travaillé, il leur dira : "vous êtes virés", reprenant l'accroche de l'émission de TV réalité qu'il a animée, "The Apprentice" ("Le stagiaire"). (Avec Jeff Mason à Washington; Danielle Rouquié pour le service français)