* Conseil de ministres de rentrée, un mois après Benalla

* Casse-tête budgétaire, Philippe dévoilera les arbitrages

* Calendrier parlementaire encore flou

PARIS, 22 août (Reuters) - Bousculé cet été par l'affaire Benalla, Emmanuel Macron a insisté mercredi devant ses ministres réunis à l'Elysée pour un conseil de rentrée, sur l'importance de ne pas "dévier de stratégie" et de poursuivre la "transformation" économique et sociale engagée lors de la première année de son quinquennat.

Revenu la veille du Fort de Brégançon (Var) où il a passé deux semaines de vacances, le chef de l'Etat a "rappelé que rien ne devait nous faire dévier de la stratégie qui a été décidée par les Français par leurs votes", a rapporté devant la presse le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.

"Il faut de la constance dans les choix politiques et économiques, c'est ce qui permet à la France d'avoir restauré sa crédibilité vis-à-vis de ses partenaires européens et à l'international et du monde économique", a-t-il ajouté.

Emmanuel Macron doit convaincre une opinion sceptique : selon un sondage Elabe pour BFM TV diffusé ce mercredi, 54% des Français se disent déçus par son action. C'est le deuxième plus mauvais chiffre enregistré depuis juillet 2017 par cet institut de sondages, qui a interrogé 1003 personnes les 21 et 22 août. Depuis avril, la proportion de déçus a progressé de huit points.

Chantier le plus épineux et sensible politiquement de cette rentrée, la question du budget 2019 a fait l'objet d'une réunion en petit comité dans l'après-midi au cours de laquelle Emmanuel Macron devait rendre ses arbitrages à un mois de la présentation attendue du projet de loi de finances (PLF) et du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).

ARBITRAGES "TRÈS FINS"

Le Premier ministre, Edouard Philippe, présent lors de cette réunion à laquelle ont également participé les ministres Bruno Le Maire (Economie et Finances), Gérald Darmanin (Action et comptes publics), Muriel Pénicaud (Travail) et Agnès Buzyn (Santé), rendra publics ces arbitrages "dans les prochains jours", selon Benjamin Griveaux.

Traditionnellement délicate, l'équation budgétaire s'est encore compliquée cette année avec une croissance moins bonne que prévu, accentuant la difficulté pour le gouvernement dans son souhait de donner à sa politique une couleur plus "sociale."

"Ce tournant-là sera peut être plus difficile à mettre en oeuvre", a dit à Reuters Denis Ferrand, économiste et directeur général de Coe-Rexecode. "D'autant que le gouvernement va engager du capital politique avec les réformes à venir, la réforme des retraites, des minima sociaux et de l'assurance chômage."

"Les gages qui pouvaient être donnés pour compenser des réformes qui auront un coût politique vont être difficiles à mettre en oeuvre", a-t-il ajouté, prédisant des arbitrages "très fins".

Si l'exécutif entretient le mystère sur les leviers sur lesquels il entend appuyer pour tenir son engagement auprès de l'Union européenne en matière de baisse du déficit public, l'Elysée a d'ores et déjà prévenu que ce budget comporterait des "hausses franches" et des "baisses nettes".

CALENDRIER PARLEMENTAIRE ENCORE FLOU

Principal concerné par les mesures d'économies, le ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard a défendu mercredi la réforme "de justice" des aides publiques au logement (APL), désormais calculées sur les revenus du moment et plus sur ceux de l'année n-2..

Concernant les autres réformes et plans attendus en cette rentrée - la stratégie de lutte contre la pauvreté, la réforme des hôpitaux, le plan Pacte, la réforme des institutions ou encore le projet de loi d'orientation des mobilités - le calendrier demeure flou.

Le porte-parole du gouvernement a indiqué que la loi Pacte serait examinée en septembre et avant la révision des institutions - dont l'examen du volet constitutionnel avait été interrompu avant la pause estivale en raison de la tempête politique soulevée par l'affaire Benalla en juillet.

L'option évoquée par le chef de file des députés La République en Marche Richard Ferrand de scinder en deux l'examen de la révision des institutions "peut faire partie des discussions, mais à l'heure à laquelle je vous parle rien n'est tranché", a dit Benjamin Griveaux. (Marine Pennetier, édité par Elizabeth Pineau)