ANKARA, 29 décembre (Reuters) - Le ministre turc des Affaires étrangères a protesté jeudi auprès de son homologue française Catherine Colonna contre la présence de responsables politiques français lors du rassemblement du 24 décembre à Paris après la mort de trois Kurdes dans une fusillade dans le Xe arrondissement de la capitale.

Plusieurs milliers de personnes, dont le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, avaient participé à la manifestation, marquée par des heurts, au lendemain de la mort de deux hommes et une femme, abattus rue d'Enghien par un homme de 69 ans, mis en examen et placé en détention provisoire pour "assassinat et tentative d’assassinat en raison de la race, de l’ethnie, de la nation ou de la religion."

Jean-Luc Mélenchon avait dénoncé un "acte terroriste".

Des manifestants avaient également brandi des drapeaux du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme terroriste par Ankara.

"Le ministre Mevlut Cavusoglu (...) a souligné qu'il est inacceptable que des hommes politiques français aient assisté à des événements au cours desquels des drapeaux de l'organisation terroriste PKK et des affiches de son chef (Abdullah Öcalan, détenu) ont été brandis. Il a déclaré que la France ne devrait pas autoriser de telles manifestations", a fait savoir le ministère turc des Affaires étrangères à la suite d'un échange téléphonique entre le ministre et Catherine Colonna.

La Turquie avait annoncé lundi la convocation de l'ambassadeur de France pour dénoncer la "participation de responsables du gouvernement et d'hommes politiques français à la propagande anti-Turquie". (Reportage de Huseyin Hayatsever ; version française Jean Rosset ; édité par Sophie Louet)