(Actualisé tout du long avec début du sommet)

REYKJAVIK, 16 mai (Reuters) - Les dirigeants européens, arrivés mardi en Islande pour un sommet rare du Conseil de l'Europe, ont promis de faire en sorte que la Russie rende des comptes pour son agression de l'Ukraine et ont dévoilé un mécanisme destiné à traquer les pertes et dégâts causés par l'armée russe.

Le chancelier allemand Olaf Scholz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Rishi Sunak ont été parmi ceux ayant souligné leur soutien à Kyiv, dans la foulée de la tournée en Europe du président ukrainien Volodimir Zelensky destinée à obtenir des livraisons d'armes supplémentaires en vue d'une contre-offensive.

Volodimir Zelensky s'est exprimé par liaison vidéo au cours de ce qui constitue seulement le quatrième sommet du Conseil de l'Europe depuis sa création après la Deuxième Guerre mondiale.

Le dirigeant en a profité pour mettre en exergue l'annonce effectuée plus tôt par des représentants ukrainiens selon lesquels Kyiv a abattu dans la nuit de lundi à mardi des missiles hypersoniques russes grâce à des systèmes de défense aérienne occidentaux nouvellement déployés.

"Il y a un an, nous n'étions pas en mesure d'abattre la plupart des missiles des terroristes, particulièrement les missiles balistiques. Et je vous pose désormais une question: si nous avons été capables de cela, y-a-t-il quelque chose que nous ne pouvons pas faire ?"

Le sommet de Reykjavik a servi mardi à dévoiler un "Registre des dommages", nouveau mécanisme destiné à enregistrer et documenter toute plainte ou preuve de dégâts, pertes ou blessures causées par l'invasion russe de l'Ukraine.

D'autres questions liées au conflit doivent aussi être évoquées par les 46 pays membres lors de ce sommet de deux jours, notamment le transfert d'enfants ukrainiens vers la Russie ou des territoires contrôlés par Moscou depuis le début de la guerre. Kyiv et ses alliés dénoncent des déportations illégales, ce que nie Moscou.

"PUNIR LES CRIMES DE GUERRE"

"Les transferts forcés d'enfants sont des crimes de guerre. Généralisés, ils peuvent constituer des crimes contre l'humanité. La Russie doit rendre ses enfants à l'Ukraine", a déclaré Emmanuel Macron dans un discours.

Rishi Sunak a estimé que "le moment de répondre est venu" et qu'il fallait que la Russie rende des comptes. Faisant écho aux propos du dirigeant britannique, Olaf Scholz a dit qu'il était "important de punir les crimes de guerre des occupants russes et de demander des comptes pour les importants dégâts que la Russie inflige à l'Ukraine jour après jour".

Les valeurs démocratiques du Conseil de l'Europe sont défendues par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), basée à Strasbourg, où les citoyens peuvent poursuivre les gouvernements en justice en cas de violation des droits de l'homme.

L'Islande a indiqué en amont du sommet que celui-ci sera l'occasion de soutenir l'Ukraine par des "mesures concrètes" ainsi que de stimuler les initiatives visant à faire face aux menaces émergentes pour la démocratie, notamment le changement climatique et l'intelligence artificielle.

Par ailleurs, le Conseil de l'Europe, via sa Banque de développement (CEB), étudie des moyens pour venir rapidement en aide aux Ukrainiens, a indiqué la présidence française.

Le Conseil de l'Europe a suspendu la Russie de ses instances au lendemain du déclenchement le 24 février 2022 de l'offensive en Ukraine, que Kyiv et les Occidentaux dénoncent comme une invasion. Moscou, qui présente son offensive comme une "opération militaire spéciale", a quitté le Conseil le mois suivant, devançant une possible exclusion pure et simple.

La Turquie, de son côté, est menacée d'exclusion pour avoir refusé de se conformer à un arrêt de la CEDH en 2019 exigeant la libération de l'homme d'affaires et mécène turc Osman Kavala.

Le Comité des ministres du Conseil de l'Europe a lancé une procédure d'infraction contre Ankara, qui a jusqu'à présent mis l'accent sur le dialogue, mais qui pourrait éventuellement se voir suspendu ou exclu du Conseil, estiment les experts. (Reportage Andreas Rinke et Michel Rose, avec Andrew MacAskill, Johannes Birkebaek, Tassilo Hummel, William James, Farouq Suleiman, Ronald Popeski; vrsion française Kate Entringer, édité par Jean Terzian)

par Andreas Rinke et Michel Rose