(Reuters) - Le fondateur de la société de sécurité privée russe Wagner, Evguéni Prigojine, a reconnu mardi avoir également fondé et financé l'Internet Research Agency (IRA), une "usine à trolls" que les autorités américaines accusent d'ingérence dans la campagne de l'élection présidentielle remportée par Donald Trump en 2016.

Proche du président Vladimir Poutine, Evguéni Prigojine a nié pendant des années tout lien avec les mercenaires de Wagner et menacé de poursuites tous ceux qui l'accusaient d'agir en sous-main pour le compte du Kremlin.

Il a changé de stratégie depuis le début de la guerre en Ukraine, assumant publiquement d'être à la tête de Wagner, dont il a dirigé la campagne de recrutement dans les prisons russes, comme d'avoir cherché à influencer le résultat des élections aux Etats-Unis.

Dans un message diffusé sur les réseaux sociaux par Concord, l'entreprise de restauration qui a fait sa fortune, Prigojine dit avoir créé l'IRA, basée à Saint-Pétersbourg, pour défendre les intérêts de son pays.

"Je n'ai pas seulement été le grand argentier de l'Internet Research Agency. Je l'ai conçue, je l'ai créée, je l'ai dirigée pendant longtemps", dit-il. "Elle a été créée pour protéger l'espace informationnel russe de la propagande anti-russe agressive de l'Occident."

Les Etats-Unis ont imposé des sanctions à Evguéni Prigojine pour ses liens avec l'IRA dès 2018. Dans son rapport d'enquête sur le rôle de la Russie dans l'élection présidentielle de 2016, le procureur spécial Robert Mueller avait estimé que l'IRA s'était employée à polariser la société américaine au moyen d'une "guerre de l'information", dans le but de faire élire Donald Trump.

Les récentes déclarations du fondateur du groupe Wagner interviennent à un moment où il essaie d'asseoir son autorité à la faveur du conflit en Ukraine, et semble engagé dans une lutte d'influence avec le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, autre proche de Vladimir Poutine.

(Reportage de Reuters, version française Tangi Salaün, édité par Kate Entringer)