Le 4 juillet, jour férié aux États-Unis, pourrait bien se traduire par un début de semaine calme sur les marchés mondiaux. Mais ne pariez pas là-dessus.

La Chine et le Japon s'inquiètent de la faiblesse de leur monnaie, ce qui signifie que les investisseurs sont à l'affût de signes d'action de la part des autorités. La banque centrale australienne se réunit et l'indicateur économique américain le plus surveillé est publié vendredi.

Lewis Krauskopf à New York, Kevin Buckland à Tokyo et Naomi Rovnick, Amanda Cooper et Karin Strohecker à Londres vous donnent un aperçu de la semaine à venir sur les marchés.

1/ L'HEURE DES CHIFFRES DE L'EMPLOI NON AGRICOLE

Les investisseurs qui parient sur la résilience de l'économie américaine ont trouvé du réconfort dans la solidité du marché du travail. Mais cette solidité sera testée par le rapport mensuel sur l'emploi du 7 juillet.

Les économistes interrogés par Reuters s'attendent à ce que 200 000 nouveaux emplois soient créés en juin, ce qui représente un ralentissement par rapport à la croissance mensuelle récente. En mai, le nombre d'emplois non agricoles a augmenté de 339 000, ce qui est bien supérieur aux estimations, bien que la hausse du taux de chômage à 3,7 %, son plus haut niveau depuis sept mois, ait suggéré que les conditions du marché du travail s'assouplissaient.

Le rapport sur l'emploi intervient alors que la Réserve fédérale n'a pas augmenté ses taux en juin, après les avoir relevés lors de dix réunions consécutives. Les investisseurs s'attendent à ce que la Fed recommence à relever ses taux en juillet. Bien entendu, si le marché de l'emploi s'affaiblit plus que prévu, cette décision pourrait être remise en question.

Après tout, le président de la Fed, Jerome Powell, affirme que les taux d'intérêt évolueront à un "rythme prudent" à partir de maintenant.

2/ CHINA BLUES

Les données chinoises devraient renforcer les spéculations selon lesquelles Pékin est prêt à stimuler une économie en perte de vitesse et à soutenir une monnaie qui s'affaiblit.

L'indice Caixin des directeurs d'achat pour le secteur manufacturier de lundi pourrait montrer une détérioration des conditions d'affaires, selon les analystes de Société Générale, citant des "données de haute fréquence".

La faible confiance des consommateurs et un marché immobilier morose ont contribué à faire chuter les actions chinoises d'environ 5 % au cours du dernier trimestre. Le yuan a perdu environ 4,6 % par rapport au dollar depuis le début de l'année.

En fixant une marge de fluctuation plus élevée que prévu pour sa monnaie le 27 juin, la Chine a peut-être laissé entendre que sa politique économique était en train de passer en mode de stimulation.

Pour maintenir la croissance du PIB à plus de 5 % en 2023, les autorités devraient continuer à réduire les taux d'intérêt, renforcer le soutien aux acheteurs de logements et accroître les investissements dans l'industrie de haute technologie. Selon les analystes, si la croissance se détériore encore, une réponse "plus agressive" est probable.

3/ LE CHOC DE LA CRISE ?

Les investisseurs qui portent une minerve doivent être australiens.

La Banque de réserve d'Australie et les données économiques ont conspiré pour donner aux marchés des cas répétés de coup du lapin avant la décision politique très attendue de mardi.

Les données sur les ventes au détail ont suggéré une certaine marge de manœuvre pour une nouvelle hausse des taux, un jour après qu'une chute choquante de l'inflation à la consommation à son plus bas niveau depuis 13 ans ait entraîné une réduction agressive des paris sur le resserrement de la politique monétaire.

Auparavant, un rapport exceptionnel sur l'emploi publié au milieu du mois avait fait grimper les paris sur une hausse, après avoir été réduits à la suite d'un compte rendu étonnamment pessimiste de la réunion de juin, montrant que la décision d'augmenter les taux était "finement équilibrée".

Résultat ? Les chances du marché ne sont que de 1 sur 3 pour un troisième relèvement consécutif d'un quart de point le 4 juillet, et un dollar australien qui languit à ses plus bas niveaux depuis plusieurs semaines. Si l'on considère que la hausse du mois de mai a également été décidée à la boule de cristal, il est conseillé de s'étirer le cou.

4/ POUTINE ET LES MUTINS

La mutinerie Wagner, la plus grave menace pour le pouvoir de Vladimir Poutine à ce jour, a peut-être été avortée, mais elle aura des répercussions à long terme. Toute modification de la position de la Russie - ou de la dynamique de la guerre en Ukraine - pourrait être ressentie de près ou de loin.

Les retombées immédiates se feraient sentir sur les marchés des matières premières, du pétrole brut aux céréales, qui sont les plus sensibles aux changements intérieurs en Russie. Mais les effets d'entraînement, des pressions inflationnistes à l'aversion pour le risque en cas d'escalade majeure, pourraient avoir des conséquences considérables pour les pays et les entreprises qui subissent déjà les effets de la hausse des taux d'intérêt.

Les retombées intérieures du soulèvement sont également toujours en cours. Deux des plus hauts généraux russes se sont retirés de la scène publique, tandis que le rouble s'est effondré à 87 dollars pour atteindre son niveau le plus bas depuis 15 mois, en raison des craintes liées au risque politique.

5/ L'AVIDITÉ ET L'INFLATION

L'inflation a diminué après avoir atteint des sommets pluriannuels. Mais pour quiconque a visité un supermarché, mis du carburant dans sa voiture ou même payé des billets de concert dans les grandes économies, le coût de la vie reste élevé.

Les chercheurs du FMI ont calculé qu'au premier trimestre, les bénéfices des entreprises ont représenté 45 % de la hausse annuelle de l'inflation dans la zone euro, ce qui est de loin le facteur le plus important, et ce ratio est similaire ailleurs.

Le FMI estime que les entreprises doivent renoncer à une partie de leurs juteux bénéfices si elles veulent que l'inflation revienne à son niveau cible.

Il ne fait aucun doute que les banques centrales ont réussi à juguler l'inflation en augmentant les taux d'intérêt. Entre-temps, les flux commerciaux se sont normalisés depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, tandis que le coût de produits tels que le blé, l'huile de tournesol ou le pétrole a diminué.

Toutefois, la lutte contre l'inflation étant loin d'être terminée, il faut s'attendre à ce que les entreprises fassent désormais l'objet d'une surveillance accrue de la part des décideurs politiques et des consommateurs.