Mardi, le Geo Barents, un navire exploité par Médecins sans frontières (MSF), a reçu l'ordre de se rendre au port de La Spezia, au nord, après avoir recueilli 69 migrants au sud de Malte.

"Cela représente 100 heures de navigation depuis l'endroit où nous nous trouvons actuellement", a déclaré l'organisation non gouvernementale, qui a ensuite procédé à deux autres sauvetages, portant à 237 le nombre de migrants à bord.

Comme la majorité des personnes sauvées en Méditerranée centrale, ils avaient pris la mer depuis la Libye.

La Spezia est la destination la plus éloignée et la plus septentrionale que l'Italie ait assignée à un navire d'une ONG. Ce mois-ci, elle a demandé à d'autres navires de rejoindre Livourne en Toscane, et les ports d'Ancône et de Ravenne, dans l'est de l'Adriatique.

Jusqu'à récemment, ces navires auraient généralement été amenés à accoster sur l'île de Lampedusa ou d'autres sites siciliens.

"Par rapport au débarquement en Sicile, aller jusqu'à La Spezia nous coûte 70 000 euros (76 240 dollars) rien qu'en carburant", a déclaré par téléphone à Reuters Juan Matias Gil, chef de mission du navire Geo Barents.

DES BUDGETS TENDUS

L'idée du gouvernement est que la Sicile et d'autres régions méridionales ne doivent pas supporter seules la charge d'accueillir les débarquements de migrants.

Le Geo Barents a été ordonné à La Spezia "uniquement pour une question de rotation entre les ports", a déclaré le ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi, cité par l'agence de presse ANSA.

Obliger les navires des ONG à se rendre dans des ports de plus en plus éloignés augmente les coûts à un moment où les budgets sont mis à rude épreuve par l'inflation et la hausse du prix du carburant suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Le mois dernier, l'ONG SOS Méditerranée a lancé un appel aux dons, affirmant que les frais de carburant pour son navire de sauvetage Ocean Viking avaient augmenté de plus d'un million d'euros en 2022.

La nouvelle politique en matière de destinations d'amarrage s'ajoute à un décret de décembre qui oblige les navires des ONG à demander et à se diriger vers un port "sans délai" après chaque sauvetage, plutôt que de continuer à chercher des bateaux en détresse.

Les capitaines qui enfreignent ces règles risquent des amendes allant jusqu'à 50 000 euros et une mise en fourrière de deux mois de leur navire. En cas de violations répétées, ils risquent une confiscation permanente.

MSF et 16 autres organisations caritatives ont condamné ces règles, affirmant qu'elles auront pour conséquence d'augmenter le nombre de personnes se noyant en mer. L'Église catholique italienne a demandé que le décret soit supprimé.

Meloni a maintenu sa décision. Elle a déclaré en décembre qu'elle voulait mettre un frein aux navires des ONG qui agissent comme des "ferry-boats" pour les migrants, faisant "l'aller-retour avec les trafiquants d'êtres humains pour faire la navette d'un pays à l'autre".

(1 $ = 0,9181 euros)