Le Yen s’est enfin relâché ces dernières semaines, à la faveur d’une politique monétaire favorable au billet vert et des pressions déflationnistes qui plombent l’économie de l’Archipel. La tendance pourrait pourtant s’essouffler en cas de retour prolongé de l’aversion au risque.

L’indice des prix à la consommation, ressorti à -0.1% sur un an en janvier, a motivé le gouverneur de la banque centrale japonaise (BoJ), Masaaki Shirakawa, à confirmer que l’institution maintiendrait sa politique ultra-accommodante jusqu’à atteindre son objectif d’inflation de 1%. La BoJ avait déjà annoncé l’extension de son programme de rachats d’actifs le mois dernier alors que l’économie du pays fait face à une déflation chronique. A l’inverse, Ben Bernanke, patron de la Réserve Fédérale américaine, n’a récemment donné aucun signe de nouvel assouplissement monétaire, éloignant les risques d’une dilution de la valeur du Dollar.

Mais la devise de l’Oncle Sam pourrait pourtant marquer une pause. Les exportateurs nippons ont en effet tendance à profiter des niveaux actuels pour ajuster leurs positions en devises étrangères à l’approche de la fin de l’exercice, fixée au 31 Mars au Japon. L’actif refuge que constitue toujours le Yen pourrait également retrouver un certain attrait aux yeux des investisseurs tant que la crise de la dette en Europe inquiète les marchés et que l’avenir de la Grèce en zone Euro n’est pas définitivement assuré. En outre, la menace d’un choc pétrolier provoquée par l’instabilité du monde arabe contribue également à modérer l’appétit du risque.

Des rumeurs d’un prêt massif de la Réserve Fédérale, qui préparerait une opération semblable à celles de la BCE, et l’annonce au Japon d’un déficit courant record en janvier, appuient cette hypothèse ce jeudi. Mais les opérateurs ont néanmoins besoin de davantage d’éléments, comme les chiffres du rapport mensuel sur l’emploi américain le 9 Mars, avant que les cours entament un nouveau décalage.

Techniquement, le billet vert rebondit au contact de 82 JPY dans des niveaux inédits depuis mai 2011. Nos oscillateurs entrent désormais en zone de sur-achat alors que le retracement a maintenant comblé 62% du dernier mouvement baissier initié en avril dernier, confirmant que le repli du Yen pourrait perdre en intensité.