Londres (awp/afp) - Les rendements des emprunts de l'Etat britannique s'envolaient jeudi à des sommets en 15 ans sur plusieurs échéances, portés par les attentes du marché que la Banque d'Angleterre resserrera plus qu'attendu sa politique monétaire dans sa lutte contre l'inflation, la plus élevée des pays du G7.

Les taux d'emprunts des bons du Trésor britanniques ("gilts") à dix ans ont grimpé jeudi à 4,66%, un niveau plus vu depuis 2008, en pleine la crise financière, passant au-dessus d'un sommet atteint début octobre après la tempête financière provoquée par l'éphémère gouvernement de Liz Truss.

Celui-ci avait affolé les marchés avec un budget aux dépenses massives et non financées.

Plus tôt jeudi, les taux à cinq ans avaient déjà dépassé leur sommet de l'automne, enregistré fin septembre. Ils se sont hissés en cours de séance à près de 4,93%, là encore des niveaux qui n'avaient plus été observés dans le pays depuis 15 ans.

Le gouvernement britannique a par ailleurs procédé mercredi à une émission de bons du trésor à deux ans à un taux de près de 5,67%, un sommet depuis 2007, selon des données publiées par l'Office britannique de gestion de la dette.

Si le rendement des emprunts à trente ans n'a pas dépassé ses niveaux de l'automne dernier, le taux à deux ans était déjà passé par-dessus le mois dernier, lui aussi à des sommets en 15 ans.

Confrontée à une inflation qui s'est maintenue en mai à 8,7% sur un an et persiste au-delà des attentes, la Banque d'Angleterre a relevé en juin ses taux pour la 13e fois consécutive, à 5%.

L'objectif est de rendre les emprunts plus chers pour ralentir les dépenses des entreprises comme des particuliers et freiner les hausses de prix, mais cela tire aussi vers le haut les taux d'emprunt de l'Etat britannique.

Le marché a revu à la hausse jeudi son anticipation des futures augmentations du taux de la banque centrale, qu'ils voient culminer à 6,5% en mars, contre 6,25% précédemment.

"Je m'attends à ce que l'inflation baisse. Ce que nous devons faire, c'est la ramener à 2%. Nous nous attendons à ce que cela se produise vers l'année prochaine", a assuré jeudi Andrew Bailey, gouverneur de la BoE, dans une interview à la CBBC, la chaîne jeunesse de la BBC.

afp/buc