* La Fed prévoit encore "quelques" hausses de taux à venir

* Les développements économiques et financiers mondiaux surveillés

* Powell confirme le rythme de dégonflement du bilan (Actualisé avec des détails, contexte, citations)

par Ann Saphir et Howard Schneider

NEW YORK, 19 décembre (Reuters) - La Réserve fédérale américaine a relevé mercredi son principal taux d'intérêt comme prévu et a maintenu sa trajectoire de hausse de taux bien qu'à un rythme moins rapide qu'auparavant en dépit des incertitudes sur la croissance mondiale et du ralentissement attendu de l'économie américaine.

Après des semaines de forte volatilité sur les marchés financiers et les pressions du président américain Donald Trump pour que la Fed mette un terme à la hausse de ses taux, la banque centrale a relevé l'objectif de taux des fonds fédéraux d'un quart de point. Son président, Jerome Powell, a aussi déclaré qu'elle continuerait à réduire la taille de son bilan au même rythme, soit de 50 milliards de dollars par mois.

Si la hausse de taux était attendue, la confirmation de Powell sur la poursuite de la réduction de la taille du bilan au même rythme a été perçue par les investisseurs comme un signal supplémentaire de l'orientation restrictive de la politique dans un contexte d'incertitude sur la croissance, faisant plonger Wall Street.

WALL STREET PLONGE, LES TAUX LONGS RECULENT

L'indice Standard & Poor's 500 a clôturé en baisse de plus de 1,5% tandis que les rendements obligataires ont baissé. Le dollar en repli avant l'annonce de la décision a réduit ses pertes, son indice contre un panier d'autres grandes devises redevenant stable à 97,10.

"Je pense que le dégonflement du bilan s'est bien déroulé et a rempli son objectif et je ne nous vois pas changer cela", a déclaré Jerome Powell lors de la conférence de presse qui a suivi la décision de relever l'objectif de taux des fonds fédéraux ("fed funds") d'un quart de point à 2,25%-2,50%.

La banque centrale a pris acte de l'incertitude sur la croissance de l'économie mondiale et ses responsables monétaires ne prévoient plus que deux autres hausses de taux en 2019 contre trois projetées en septembre.

Dans le communiqué publié à l'issue de la dernière réunion de politique monétaire de cette année, la Fed note que "quelques" nouvelles hausses de taux graduelles seraient nécessaires, un infléchissement qui suggère qu'elle pourrait se préparer à arrêter le cycle de durcissement monétaire.

Mais un autre message très clair dans le communiqué comme dans les déclarations de Jerome Powell est que la croissance de l'économie américaine demeure forte et que le marché de l'emploi continue de s'améliorer, ce qui ne nécessite plus un soutien monétaire par le biais de taux inférieurs à la normale ou d'un bilan massif.

Dans son communiqué, la Fed écrit que les risques entourant l'économie sont "globalement équilibrés" et qu'elle va "continuer à surveiller les évolutions économiques et financières mondiales et à évaluer leurs implications pour les perspectives de l'économie."

La décision de relever les taux pour la quatrième fois cette année et la neuvième depuis le début du cycle de resserrement monétaire en décembre 2015 risque de provoquer l'ire de Donald Trump qui a reproché à de nombreuses reprises à la Fed de mettre la croissance en danger.

La Fed a progressivement resserré sa politique monétaire pour freiner le rythme de croissance de l'économie américaine dont ses responsables estiment qu'il n'est pas soutenable.

Le ralentissement de l'économie mondiale et la perspective d'un affaiblissement de l'impact de la relance budgétaire de 1.500 milliards de dollars décidée par l'administration Trump après son arrivée aux affaires font craindre que l'économie américaine n'entre dans une période moins faste dès l'année prochaine.

La Fed a aussi procédé à un ajustement technique largement attendu en relevant de 20 points de base le taux servi sur les réserves excédentaires des banques, ce qui lui donne un meilleur contrôle sur le maintien du taux des "fed funds" dans sa fourchette cible.

"PAS AUSSI ACCOMMODANT QU'ESPÉRÉ"

"Je pense que les marchés espéraient plus en termes de pause (dans la politique monétaire)", a dit Jamie Cos, associé de Harris Financial Group. "Ce n'est pas aussi accommodant qu'espéré, mais je pense que la Fed finira par reculer encore plus quand nous entrerons dans la nouvelle année." Les nouvelles projections publiées mercredi montrent que les responsables monétaires prévoient désormais deux hausses de taux l'année prochaine et une en 2020, leur prévision médiane pour le taux des fonds fédéraux ressortant à 3,1% à la fin 2020 et en 2021.

Elle s'inscrit légèrement au-dessus du taux neutre, qui ne freine ni n'accélère la croissance, désormais estimé à 2,8%.

Les précédentes projections publiées en septembre faisaient état de trois hausse de taux en 2019 et d'une en 2020.

Le changement signale une moindre confiance dans les perspectives de l'économie américaine que Jerome Powell avait décrites comme encore très prometteuses en octobre.

La trajectoire haussière de la Fed reste toutefois plus agressive qu'anticipé par les intervenants de marché. Avant la réunion de politique monétaire, les contrats de futures sur les taux d'intérêt à court terme ne tablaient que sur une hausse de taux au mieux au cours de l'année prochaine.

Les responsables de la Fed prévoient sinon une croissance de 2,3% du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis en 2019 puis de 2,0% en 2020, un peu en-dessous des projections du mois de septembre.

Le taux de chômage, actuellement à un plus bas de 49 ans à 3,7%, diminuerait encore en 2019 pour tomber à 3,5% comme attendu déjà en septembre. Il remonterait à 3,6% en 2020 et à 3,8% en 2021, un peu au-dessus des projections précédentes.

L'inflation annuelle, qui a atteint cette année l'objectif de la Fed de 2,0%, reculerait à 1,9% en 2019 contre 2,0% prévu en septembre.

La décision sur les taux a été prise à l'unanimité. (Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)