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MONTREUX, Suisse, 22 janvier (Reuters) - La conférence internationale sur la Syrie a donné lieu mercredi à un vif accrochage entre le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, et le chef de la délégation syrienne, le ministre des Affaires étrangères Walid al Moualem, au moment où le premier tentait de couper la parole au second.

Moualem parlait depuis une vingtaine de minutes, deux fois plus que les dix minutes de temps de parole imparti à chacune des délégations présentes sur les bords du lac Léman, lorsque Ban l'a interrompu pour lui demander d'en venir à sa conclusion. Peine perdue.

"Vous avez parlé pendant 25 minutes", a répliqué Moualem. "J'ai passé douze heures dans un avion pour venir ici, j'ai besoin de quelques minutes encore pour terminer mon discours.

-- Ne pouvez-vous pas le conclure en une ou deux minutes ?

-- Non, je ne peux pas vous le promettre. Je dois finir mon discours."

Le chef de la délégation syrienne, qui a accusé les insurgés syriens d'"éventrer les femmes enceintes et de les violer, vivantes ou déjà mortes", a également prévenu que seuls les Syriens pouvaient choisir leur dirigeant et dénoncé les Etats arabes du Golfe qui, a-t-il accusé, "ont exporté en Syrie des monstres à forme humaine abreuvés de l'odieuse idéologie wahhabite".

Ban Ki-moon l'ayant prévenu qu'il devrait accorder plus de temps aux autres intervenants s'il ne concluait pas son intervention, Moualem a indiqué: "Vous vivez à New York, moi, je vis en Syrie. J'ai le droit de livrer dans cette salle la version syrienne. C'est mon droit", a répondu Moualem.

Dix minutes plus tard, sans conclusion en vue, Ban Ki-moon a tenté une nouvelle fois d'écourter sa prise de parole.

"Je vais finir d'une phrase", lui a dit Moualem.

-- Une phrase ou deux. Tenez simplement votre promesse, une phrase.

-- La Syrie tient toujours ses promesses", a repris Moualem avant de conclure une minute plus tard son discours de 35 minutes.

Au début de la conférence, Ban Ki-moon avait exhorté l'ensemble des participants à éviter tout propos susceptible de nuire aux chances de succès du processus et s'en tenir rigoureusement au temps qui lui était imparti.

"Je suis au regret de vous dire dès le départ que cette ambiance et ces règles constructives que j'ai fixées et que vous avez acceptées ont été brisées (...) J'espère que cela ne se reproduira pas", a-t-il dit. (Dominic Evans et Stephanie Nebehay; Henri-Pierre André pour le service français)