Berne (awp/ats) - PostFinance est le premier grand institut financier suisse à introduire des taux d'intérêt négatifs (commissions) pour ses clients privés. Pour les montants supérieurs à un million de francs suisses, les épargnants devront dès 2017 payer une commission de 1%.

Cette mesure découle des avoirs en compte de virement détenus par PostFinance auprès de la Banque nationale suisse (BNS), explique vendredi l'établissement dans un communiqué. Ceux-ci dépassent le montant exonéré de l'intérêt négatif, ce qui a déjà coûté cette année à PostFinance plus de 10 millions de francs suisses en taux négatifs.

Depuis le 22 janvier 2015, la BNS prélève un taux d'intérêt négatif de 0,75% sur les avoirs en compte de virement qui dépassent la limite des 10 millions de francs suisses. La filiale de La Poste devient ainsi la deuxième banque suisse qui répercute les taux négatifs auprès de ses clients privés.

Jusqu'ici, seule la Banque alternative avait franchi le pas, y compris pour les petits épargnants. Avec ses près de 3 millions de clients, PostFinance est toutefois un acteur d'une dimension incomparable avec la Banque alternative, qui n'en compte que 30'000. PostFinance est le numéro cinq en Suisse parmi les établissements de banque de détail.

Les banques évitent de frapper leurs clients de taux punitifs, craignant des réactions négatives et un dégât d'image. Elles se rattrapent en revanche avec des marges plus élevées sur les crédits et les hypothèques.

AUTRES MESURES

Outre la commission introduite pour les montants de plus d'un million de francs suisses, PostFinance baisse aussi les taux sur les comptes à partir du 1er janvier. Pour un compte d'épargne jeunesse par exemple, le taux passera de 0,8% à 0,55%, alors que pour un compte de libre passage (2e pilier), il reculera de 0,2% à 0,05%.

Les clients domiciliés à l'étranger passent aussi à la caisse: les frais sur les comptes privés et commerciaux passeront de 15 francs suisses à 25 francs suisses par mois. PostFinance justifie cette hausse par le "gros travail administratif" engendré par l'entrée en vigueur, le 1er janvier 2017, de l'échange automatique de renseignements (EAR) de la Suisse avec divers Etats tiers.

Les frais pour l'encaissement de chèques subissent eux aussi une hausse.

En raison de l'interdiction d'octroyer des crédits, il devient de plus en plus difficile pour PostFinance de placer de manière rentable les avoirs des clients. Ce sont ainsi des dizaines de millions de francs suisses de produits d'intérêts qui s'envolent, explique l'établissement. Dans le même temps, la réglementation toujours plus forte génère des charges et des coûts plus importants.

En raison des taux d'intérêt bas, PostFinance vient par ailleurs d'annoncer une adaptation de sa stratégie, avec des suppressions de postes à la clé. Le plan de détail sera étudié jusqu'au 1er juillet 2017, mais l'institut financier n'avance encore aucun chiffre concernant le nombre d'emplois concernés.

ats/jh