Zurich (awp) - Les résultats des 261 banques établies en Suisse ont globalement reculé l'année dernière. Face aux difficultés, le secteur a poursuivi les réductions de postes, bien qu'à un rythme plus lent, a annoncé jeudi l'Association suisse des banquiers (ASB). La faîtière plaide pour un accès aux marchés étrangers et la mise en place de "conditions-cadres optimales".

Sur le total, 35 banques ont bouclé l'exercice 2016 sur un perte, contre 38 en 2015. Le nombre d'établissements en Suisse a reculé de cinq unités sur un an, en raison de la disparition de banques étrangères sur sol helvétique.

En 2016, le résultat consolidé des banques en Suisse s'est inscrit en baisse de 3,2% sur un an à 62,5 mrd CHF. Le résultat des opérations d'intérêts s'est contracté de 2,7%. Les taux négatifs expliquent en partie cette érosion. "C'est tout de même un boulet", a lancé jeudi en conférence de presse Martin Hess, responsable de la politique économique auprès de l'ASB.

Concernant les taux négatifs versés par les banques à la Banque nationale suisse, le montant s'est élevé à 1,52 mrd CHF en 2016 et à 970 mio au premier semestre 2017. Les taux négatifs concernaient 234 mrd CHF d'avoirs bancaires en Suisse. Dans l'ensemble de la branche, ils ont pesé sur les marges d'intérêts tout au long de l'année.

"CROISSANCE CONFORTABLE" DES HYPOTHÈQUES

Le résultat des opérations de commissions et prestations de services a enregistré une baisse de 6,7%, qui s'explique par le volume globalement faible des transactions boursières. La pression sur les marges, principalement dans la gestion transfrontalière, ont également pesé. "Les prix que les banques peuvent (se permettre de) pratiquer ont baissé", a constaté M. Hess.

Le résultat des opérations de négoce a diminué de 2,4 mrd, a précisé l'ASB dans un communiqué. Ce recul s'explique par un effet de base défavorable, puisque la levée du plancher EUR/CHF avait provoqué un regain d'activité en 2015.

Le bénéfice brut a baissé de 16,8% en 2016. Les banques ont versé 2,3 mrd CHF aux caisses de l'Etat au titre des impôts sur le revenu et le bénéfice.

Le total consolidé des bilans a progressé de 2,5% à 3100,8 mrd CHF. Le volume total de l'encours de crédit national a augmenté de 2,9% à 1107,5 mrd CHF, dont 949,3 mrd de créances hypothécaires suisses (+2,7%). Pour Martin Hess, cette activité présente désormais une "croissance confortable", loin d'une surchauffe.

Le responsable a souligné que la proportion des grandes banques dans le volume total des hypothèques est passé à 27,4% l'année dernière, contre près de 35% il y a dix ans, avant la crise financière. Cette perte des parts de marché s'est faite au bénéfice des établissement orientés exclusivement vers le marché domestique.

La Suisse reste leader dans le domaine de la banque privée transfrontalière, avec une part de marché de 24%, a souligné l'ASB. Les actifs sous gestion en Suisse se sont inscrits en hausse de 1,3% à 6650,8 mrd CHF. La part des actifs des clients étrangers a cependant légèrement reculé, passant de 49,3% en 2015 à 48,2% en 2016.

DES NOUVEAUX EMPLOYÉS PLUS CHERS

A la fin de l'année dernière, les banques employaient en Suisse 101'382 personnes (en équivalents plein temps). Les banques ont supprimé 1660 postes (-1,6%), un recul imputable principalement aux banques étrangères. Selon l'association, "on est resté sur cette trajectoire au premier semestre 2017, mais la baisse des effectifs a été moindre que par le passé" avec environ -1%.

Ce ralentissement n'implique pas forcément une baisse des coûts, a averti Martin Hess. Les banques ont tendance à biffer des postes dans les tâches administratives pour les remplacer par des spécialistes dont les salaires sont plus élevés.

"Les banques en Suisse sont confrontées à des défis de taille", a estimé l'ASB, citant notamment les coûts croissants liés à la réglementation, les taux d'intérêt négatifs, l'érosion des marges, et les incertitudes politiques et juridiques.

A ce titre, la faîtière préconise un "programme de fitness" en termes de régulation, sans toutefois prôner une dérégulation générale dans le secteur bancaire. "La stabilité (financière) est atteinte. Les banques luttent désormais pour assurer leur rentabilité", a analysé M. Hess. Pour ce dernier, l'allègement du corset réglementaire devrait concerner les ratios de liquidités ou les critères régissant l'externalisation des activités.

al/ol