Zurich (awp) - Face à l'affaiblissement de l'économie mondiale, le Centre de recherches conjoncturelles (KOF) révise à la baisse ses attentes de croissance du produit intérieur brut (PIB) de la Suisse. Pour cette année, les chercheurs zurichois anticipent désormais une progression de 0,8% en termes réels, contre 0,9% en juin. La hausse est attendue en 2024 à 1,9%, contre 2,1% jusqu'alors.

Corrigée de l'impact des événements sportifs, la croissance du PIB helvétique devrait s'établir cette année à 1,2%, une valeur inchangée au regard de la prévision formulée en juin dernier, et à 1,5% en 2024, contre une expansion de 1,7%, indique mercredi le KOF. Selon les prévisionnistes de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), la conjoncture suisse se caractérise actuellement par deux tendances contradictoires: d'un côté, la consommation privée et la robustesse du marché du travail soutiennent l'économie intérieure. De l'autre, la faiblesse de l'économie mondiale pèse sur les exportations helvétiques.

L'affaiblissement de la dynamique des exportations suisses explique l'essentiel de la révision à la baisse des attentes de croissance pour l'an prochain. Dans le cadre de leurs prévisions d'automne, les chercheurs zurichois dévoilent également leurs anticipations pour 2025, l'expansion du PIB étant attendue en termes réels à 1,6% et 1,9% en données corrigées des grands événements sportifs.

Demande internationale modérée

Les experts du KOF tablent sur une demande internationale modérée au second semestre de cette année, reflet d'une reprise économique demeurant hésitante en Chine. L'Empire du Milieu affiche actuellement une faiblesse conjoncturelle marquée par une crise immobilière ainsi qu'une demande de consommation affaiblie. Première cliente de la Suisse, l'économie allemande fait elle face à un ralentissement marqué. Seule l'Amérique du Nord semble en mesure d'apporter une "petite lueur d'espoir".

Parmi les risques, le KOF mentionne l'évolution de l'inflation et la politique monétaire qui en découle. Un renchérissement plus marqué pourrait contraindre les banques centrales à mener une politique monétaire encore plus stricte, freinant ainsi la conjoncture.

D'un autre côté, l'inflation pourrait s'affaiblir plus rapidement qu'attendu, ce qui permettrait de desserrer l'étau monétaire plus tôt. Le KOF relève aussi que l'intensification ou la survenue de conflits géopolitiques constitueraient de nouveaux autres risques baissiers lesquels affaibliraient le commerce mondial et/ou déclencheraient des chocs de prix des matières premières ou de l'énergie.

Au niveau intérieur, le marché suisse du travail reste solide, une robustesse qui reste l'un des principaux piliers de la conjoncture suisse. Celui-ci ne devrait ralentir que légèrement l'année prochaine et la suivante, malgré une évolution conjoncturelle jugée un peu moins favorable. Après une forte croissance de 2% en 2023, l'emploi devrait progresser de presque 1% en 2024 et 2025. Dans ce contexte, le taux de chômage demeurera relativement bas, passant de 2% cette année à 2,2% l'an prochain et 2,4% en 2025.

Hausses des prix

Face aux hausses des loyers et des prix de l'électricité en particulier, le KOF table sur un indice des prix à la consommation (IPC) en hausse à 2,2% (prévision inchangée) cette année, puis un ralentissement à 2,1% (contre 1,5% attendu l'été passé) en 2024 et à environ 1,1% en 2025.

Le KOF s'attend à des taux d'intérêt stables et à une appréciation nominale du franc. Alors que la Banque nationale suisse (BNS) a laissé inchangé son taux directeur à 1,75% jeudi dernier, l'institut d'émission devrait encore lâcher la bride monétaire "dans un avenir proche", selon les chercheurs zurichois. "En renonçant à relever son taux directeur, la BNS a encore creusé l'écart de taux avec la zone euro, qui se situe désormais à 2,25 points de pourcentage", expliquent-ils.

La consommation privée restera un moteur important au cours des deux prochaines année, celle-ci devant augmenter de 2,3% en termes réels cette année et de 1,5% en 2024 et 2025.

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