Zurich (awp) - Les fournisseurs d'énergie et d'électricité suisses perçoivent de plus en plus la numérisation comme une menace, même s'ils voient là aussi des opportunités. Ils concèdent toutefois qu'ils sont en retard par rapport à d'autres domaines en ce qui concerne la numérisation.

La numérisation est davantage perçue comme une opportunité qu'en 2017, mais la proportion des services industriels qui estiment que c'est une menace a augmenté de 10% à 16%, relève jeudi le cabinet d'audit et de conseil EY en publiant les résultats de l'étude des services industriels 2018. Cette tendance est inverse à celle de l'Allemagne.

Près de deux tiers (62%) des acteurs du secteur énergétique suisse interrogés estime être "en retard" par rapport à d'autres domaines. Ils sont toutefois plus d'un sur trois (38%) à s'estimer "plus avancés que la moyenne" dans les applications de la numérisation parmi les fournisseurs locaux.

"Les services industriels ont majoritairement relevé le défi" et "accordent une grande importance aux technologies et applications numériques", observe dans le communiqué Benjamin Teufel, responsable du secteur de l'énergie chez EY Suisse. Ces dernières doivent notamment permettre d'améliorer l'efficacité interne, de créer davantage de liberté d'action, de soutenir de futurs modèles économiques et de s'occuper davantage des besoins des clients, liste-t-il.

Coût de la stratégie énergétique 2050 sous-estimé

Concrètement, près de la moitié des services industriels de Suisse (48%) envisagent d'installer la métrologie associée dans le cadre de l'équipement généralisé avec des stations de mesure intelligente. Un tiers environ (37%) ont déjà commencé le déploiement en masse et 15% le mettront en oeuvre avant fin 2018, deux chiffres en hausse "significative" par rapport à 2017, souligne EY.

La charge administrative (71%) et l'absence de ressource informatiques internes suffisantes (69%) sont considérées comme les principales entraves à la transformation numérique. Les incertitudes juridiques ou le niveau d'investissement jouent quant à eux un rôle secondaire.

Une conception de marché manquant de clarté et incomplète, l'ouverture totale et de nouveaux concurrents sont perçus comme les risques les plus importants à l'heure actuelle, explique Benjamin Teufel, soulignant néanmoins que "le risque de baisse du prix de l'énergie ne joue apparemment plus de rôle majeur."

Plus de quatre entreprises interrogées sur cinq (81%) estiment que le coût global de la stratégie énergétique 2050 pour la population et les entreprises constitue l'un des aspects les plus sous-estimés de cette dernière. La transformation du secteur mise en place progresse à des vitesses différentes, mais concerne quasiment tous les secteurs économiques et permet un changement culturel, affirme M. Teufel.

Pour son étude, EY a interrogé les directeurs de 73 entreprises suisses, 19 autrichiennes et 101 allemandes.

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