* En Marche ! se dit cible d'une opération de piratage "massive"

* Un second tour sous haute sécurité

* Outre-mer et Français de l'étranger ont commencé à voter

PARIS, 6 mai (Reuters) - Les habitants de plusieurs départements et territoires d'Outre-mer et certains Français de l'étranger ont commencé samedi à voter pour le second tour de l'élection présidentielle, quelques heures après l'annonce d'une attaque informatique contre l'équipe de campagne du favori du scrutin, Emmanuel Macron.

Le mouvement En Marche ! a annoncé vendredi soir avoir été la cible "d'une action de piratage massive et coordonnée" après la publication sur internet d'un grand nombre de documents et d'informations présentés comme émanant de certains de ses responsables.

Ces faits sont survenus juste avant la fin officielle de la campagne électorale en métropole et l'entrée en vigueur, vendredi à minuit (22h00 GMT), de l'interdiction de prise de parole politique qui court jusqu'à dimanche 20h00 (18h00 GMT), heure de fermeture des derniers bureaux de vote et de publication des premières estimations de l'issue du duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

La Commission nationale de contrôle de la campagne électorale, saisie par l'équipe de l'ex-ministre de l'Economie, a appelé samedi les médias et les particuliers à ne pas relayer ces données "obtenues frauduleusement, et auxquelles ont pu, selon toute vraisemblance, être mêlées de fausses informations".

La diffusion de contenus susceptibles d'"altérer la sincérité du scrutin" pourrait être passible de sanctions pénales, a prévenu la commission dans un communiqué.

Alors que les élections américaines de novembre 2016 ont été entachées de soupçons de piratage russe, les autorités françaises avaient mis en place des mesures de protection supplémentaires à l'approche des élections, dont l'abandon du vote électronique pour les Français de l'étranger lors des législatives de juin.

François Hollande a réaffirmé samedi la mobilisation et la vigilance de la France face aux cybermenaces. "On savait qu'il y aurait ces risques-là durant la campagne présidentielle puisque ça s'était produit ailleurs. Rien ne sera laissé sans réponse", a-t-il déclaré à l'AFP à l'issue d'une visite d'une exposition à l'Institut du monde arabe, à Paris, en compagnie du roi du Maroc Mohammed VI.

L'entourage du président de la République a confirmé ses propos à Reuters, en précisant qu'il souhaitait ainsi rappeler la préoccupation constante de la France à ce sujet.

SCRUTIN SOUS HAUTE SÉCURITÉ

Outre la cyberdéfense, les autorités sont également mobilisées pour assurer la sécurité des quelque 67.000 bureaux de vote ouverts pour le second tour de la présidentielle sur l'ensemble du territoire français, placé sous le régime de l'état d'urgence depuis les attentats du 13 novembre 2015.

Comme pour le premier tour, plus de 50.000 policiers et gendarmes seront mobilisés dimanche en complément des 7.000 militaires de l'opération Sentinelle. Pour la seule agglomération parisienne, plus de 12.000 représentants des forces de l'ordre seront à pied d'oeuvre.

Ils seront également déployés pour protéger les QG de campagne des candidats ainsi que les rassemblements de leurs partisans dans la capitale - sur l'esplanade du Louvre pour Emmanuel Macron; dans le Bois de Vincennes pour Marine Le Pen - et pour éviter des débordements après l'annonce des résultats.

Avec une journée d'avance sur la métropole, les électeurs de Saint-Pierre-et Miquelon, de Guyane, de Guadeloupe, de Martinique, de Saint-Barthélemy et Saint-Martin et de Polynésie française ont commencé à voter samedi, tout comme les Français de l'étranger vivant sur le continent américain.

En métropole, les bureaux de vote ouvriront dimanche à 08h00 (06h00 GMT) et fermeront à 19h00, voire 20h00 dans certaines grandes villes.

Le scrutin se déroulera également dimanche à Wallis-et-Futuna, en Nouvelle Calédonie, à La Réunion et à Mayotte, ainsi que dans les bureaux de vote ouverts dans les ambassades et les postes consulaires hors continent américain.

Au premier tour, le 23 avril, Emmanuel Macron est arrivé en tête avec 24,01% des suffrages (8,66 millions de voix). Son adversaire, Marine Le Pen, a recueilli 21,30% (7,68 millions). La participation s'était élevée à près de 78% parmi les quelque 47 millions d'électeurs inscrits. (Myriam Rivet et service France, édité par Henri-Pierre André)