DUBLIN/MADRID/OSLO, 21 mai (Reuters) - L'Irlande, la Norvège et l'Espagne ont annoncé mercredi qu'elles reconnaîtraient l'existence d'un Etat palestinien et d'autres pays pourraient faire de même dans les semaines à venir, selon le Premier ministre irlandais, Simon Harris.

"Aujourd'hui, l'Irlande, la Norvège et l'Espagne annoncent qu'elles reconnaissent l'Etat de Palestine", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

"Dans l'esprit des annonces d'aujourd'hui, j'ai parlé avec plusieurs autres dirigeants et homologues et je suis optimiste sur le fait que d'autres pays nous rejoindrons en prenant cette décision importante dans les semaines à venir", a déclaré le chef du gouvernement irlandais.

La solution à deux Etats est le seul chemin crédible pour aboutir à la paix, a-t-il ajouté.

Le son de cloche est identique en Norvège où le Premier ministre travailliste Jonas Gahr Støre a déclaré lors d'une conférence de presse que la solution à deux Etats était primordiale pour parvenir à une paix durable dans la région.

"Alors que nous sommes en pleine guerre, avec des dizaines de milliers de morts et blessés, nous devons maintenir en vie la seule chose qui puisse fournir un abri sûr tant pour les Israéliens et les Palestiniens : deux Etats vivant en paix l'un avec l'autre", a dit Jonas Gahr Støre.

Son ministre des Affaires étrangères, Espen Barth Eide, a précisé que la procédure de reconnaissance de l'Etat palestinien prendrait effet mardi prochain, le même jour que pour l'Irlande.

C'est également à cette date que l'Espagne reconnaîtra l'Etat de Palestine, a fait savoir le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, devant le Congrès des députés.

"Nous espérons que notre reconnaissance et ses motifs contribueront à pousser d'autres pays européens à suivre ce chemin car plus nous serons nombreux, plus nous aurons de force pour imposer un cessez-le-feu, à parvenir à la libération des otages détenus par le Hamas, à relancer le processus politique qui peut conduire à un accord de paix", a-t-il ajouté.

ISRAEL RAPPELLE SES AMBASSADEURS

Ces annonces ont suscité la colère des autorités israéliennes qui ont rappelé mercredi leurs ambassadeurs en Irlande et en Norvège, arguant que leurs décisions remettaient en question le droit d'Israël à se défendre et à rapatrier les 128 otages détenus dans la bande de Gaza.

"Israël ne restera pas silencieux", a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz.

"Nous sommes déterminés à atteindre nos objectifs : rétablir la sécurité de nos citoyens et extirper le Hamas et le retour de nos otages."

"Il n'existe rien de plus juste que ces objectifs", a-t-il ajouté.

Les trois pays ont pendant plusieurs mois tenté de rallier à leur cause d'autres pays européens, la France, le Portugal, la Belgique et la Slovénie notamment, comptant sur un effet de nombre.

L'entreprise n'a pas abouti mais la Slovénie devrait se distinguer d'ici peu en rejoignant à son tour la cohorte des pays reconnaissant la Palestine comme un Etat souverain.

Plus de 140 des 193 Etats membres des Nations unies, dont la Russie, la Chine et l'Inde, ont déjà franchi le pas. Ils ne sont que neuf au sein de l'Union européenne.

Si la France défend publiquement le concept de solution à deux Etats, elle ne reconnaît pas pour l'instant l'existence d'un Etat palestinien.

"La France accompagne l’Autorité palestinienne dans la voie de l’établissement d’un futur État palestinien et d’institutions fortes et démocratiques, à travers une coopération dense notamment dans les domaines institutionnel, économique, culturel et universitaire", dit le Quai d'Orsay sur son site internet.

"La question du statut de Jérusalem devra être réglée dans le cadre des négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens, visant en particulier l’établissement de deux États, israélien et palestinien, vivant côte à côte en paix et en sécurité avec Jérusalem pour capitale de ces deux États." (Rédigé par Conor Humphries à Dublin, Inti Landauro à Madrid, Nerijus Adomaitis et Gwladys Fouche à Oslo, version française Nicolas Delame, édité par Blandine Hénault)