par Noah Browning

LE CAIRE, 30 juillet (Reuters) - Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a présenté lundi sa vision d'un statut final des relations israélo-palestiniennes avant la reprise de pourparlers entre les deux parties à Washington, gelés depuis 2010.

S'adressant à un groupe de journalistes, égyptiens pour la plupart, Mahmoud Abbas a déclaré qu'aucun colon ou militaire israélien ne pourra demeurer dans un futur Etat palestinien, soulignant que les Palestiniens jugent illégale toute colonie de peuplement sur les territoires capturés par Israël pendant la guerre des Six-Jours en 1967.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui a arraché aux deux parties un accord pour la reprise de pourparlers de paix, avait demandé à ses interlocuteurs de ne rien dire sur les termes des discussions.

"Dans une résolution finale, nous ne verrions pas la présence d'un seul Israélien - civil ou militaire - sur nos terres", a dit le président palestinien. "Nous sommes favorables à une présence internationale, multinationale, comme au Sinaï, au Liban et en Syrie", a-t-il ajouté.

Mahmoud Abbas était au Caire pour y rencontrer le président égyptien par intérim, Adli Mansour, près d'un mois après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l'armée.

Il a également discuté avec de hauts responsables des renseignements égyptiens des relations entre Le Caire et les Palestiniens et de la circulation des personnes et des biens entre l'Egypte et la bande de Gaza.

CONDITIONS PREALABLES

Israël dit vouloir maintenir une présence militaire en Cisjordanie occupée, à la frontière avec la Jordanie, pour prévenir l'importation d'armes qui pourraient être employées contre l'Etat juif.

Mais Mahmoud Abbas a déclaré s'en tenir aux accords de principe qu'il dit avoir conclus avec l'ancien Premier ministre Ehud Olmert, le prédécesseur de Benjamin Netanyahu, selon lesquels des forces de l'Otan pourraient se déployer "comme garantie de sécurité pour nous et pour eux".

Sur l'avenir des colonies juives en Cisjordanie et le statut de Jérusalem, Mahmoud Abbas n'a pas signalé un assouplissement de sa position. "Nous avons déjà fait toutes les concessions nécessaires", a-t-il dit.

"Jérusalem-Est est la capitale de l'Etat de Palestine (...). S'il doit y avoir un certain type d'échange modeste (de territoire) équivalant en taille et en valeur, nous sommes prêts à en discuter - ni plus ni moins."

Avant d'accepter de retourner à la table des négociations, les Palestiniens avaient fixé trois conditions préalables: la libération de prisonniers, un gel complet de la colonisation et la reconnaissance par Israël du tracé de 1967 comme base des frontières du futur Etat palestinien.

Israël a accepté une seule revendication, la libération de 104 Palestiniens emprisonnés depuis avant les accords intérimaires de paix de 1993, approuvée à une courte majorité dimanche par les membres du gouvernement Netanyahu.

Le cabinet israélien rejette officiellement les autres conditions comme préalables à la reprise des discussions.

Les Palestiniens disent que dans les jours à venir, les Américains pourraient s'efforcer de satisfaire à leurs exigences en déclarant formellement que le tracé de 1967 est la base des négociations.

"Nous sommes entre deux opinions", résume un conseiller du président palestinien, Tayyeb Abdoul Rahim.

"Israël doit-il accepter de cesser de construire des colonies, ou doit-il accepter un Etat sur les frontières de 1967 pour reprendre les discussions? Quelle est l'option la plus forte? La deuxième signifie que toutes les colonies sont illégitimes. L'Amérique est convaincue par notre point de vue (...). Israël n'a pas encore accepté un Etat sur les lignes de 1967, mais il abordera les discussions sur cette base." (Avec Ali Sawafta à Ramallah; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)