(Nouvelle citation de Mahmoud Abbas)

WASHINGTON, 15 février (Reuters) - Donald Trump s'est engagé mercredi à soutenir l'objectif d'un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens sans se prononcer explicitement en faveur d'une solution à deux Etats.

Recevant pour la première fois à la Maison blanche le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour qui il a littéralement déroulé le tapis rouge, il l'a invité à faire preuve de modération dans sa politique de colonisation juive dans les territoires occupés par Israël.

"J'aimerais vous voir revenir un petit peu sur ces colonies", a-t-il dit lors d'une conférence de presse commune.

Depuis l'investiture de Donald Trump le 20 janvier, Benjamin Netanyahu a approuvé la construction de 6.000 logements supplémentaires en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, s'attirant une condamnation de la communauté internationale et de l'Onu, à laquelle les Etats-Unis ne se sont pas joints.

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, s'est dit en accord avec les propos de Donald Trump sur les colonies de peuplement. Dans un communiqué émis à Ramallah (Cisjordanie), il invite Israël à répondre à cet appel et à celui de la communauté internationale "en cessant toutes ses activités de colonies, y compris à Jérusalem-Est".

S'agissant du conflit au Proche-Orient en général, Donald Trump a réaffirmé la ligne traditionnelle préconisée à Washington, à savoir que les Etats-Unis encouragent un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens.

"Nous allons y travailler de manière très diligente", a-t-il dit, sans offrir de nouvelles perspectives. "Mais il incombe aux parties elles-mêmes de négocier directement un tel accord".

Le nouveau président américain a toutefois paru prendre ses distances par rapport à la solution des deux Etats privilégiée traditionnellement à Washington.

"Je regarde la solution à un Etat, et la solution à deux Etats (...) et si Israël et les Palestiniens sont contents, je suis content avec ce qu'ils préfèrent", a-t-il déclaré.

POSSIBLE CHANGEMENT DE POLITIQUE ?

Depuis des décennies, la solution fondée sur le principe de coexistence pacifique de deux Etats a été au centre de la position de Washington et de la communauté internationale.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a d'ailleurs brandi mercredi le risque du renoncement à une solution à deux Etats.

"Il n'y a pas d'autre solution au problème entre Palestiniens et Israéliens, pas d'autre que la solution consistant à établir deux Etats, et nous devrions faire tout notre possible pour la maintenir", a-t-il dit lors d'une visite au Caire.

Et à Ramallah, Mahmoud Abbas a réitéré l'attachement des Palestiniens "à la solution des deux Etats (...) à la fin de l'occupation israélienne et à l'établissement d'un Etat palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale".

Un éventuel revirement de la présidence américaine sur cet aspect provoquerait sans doute la colère du monde musulman, notamment des pays sunnites qui soutiennent les Etats-Unis dans leur combat contre le groupe djihadiste Etat islamique et l'Iran chiite.

Benjamin Netanyahu s'est engagé en faveur de cette solution à deux Etats lors d'un discours prononcé en 2009 et a plusieurs fois depuis lors réaffirmé cet objectif. Mais de nombreux membres de son gouvernement estiment que la situation n'est pas propice à la création d'un Etat palestinien en raison de l'instabilité régionale et des divisions palestiniennes.

Il s'est dit mercredi disposé à aborder le dossier "en substance" et non par le biais "d'annonces" et a rappelé les deux conditions posées par Israël à tout accord de paix : "Premièrement, les Palestiniens doivent reconnaître l'Etat juif (...) Deuxièmement, Israêl doit conserver le contrôle total de tout le secteur situé à l'ouest du Jourdain". (Steve Holland et Luke Baker, avec Jeffrey Heller à Jérusalem, Ali Sawafta et Nidal al Moughrabi à Ramallah et Mostafa Hashem au Caire, Pierre Sérisier, Marc Angrand et Gilles Trequesser pour le service français)