* Le gouvernement syrien refuse d'évoquer une "transition"

* Pas d'accord sur l'évacuation des femmes et enfants de Homs

* L'opposition demande la libération de 50.000 prisonniers (Actualisé avec conférence de presse de Brahimi §§ 7-10, détails)

par Stephanie Nebehay et Mariam Karouny

GENEVE, 27 janvier (Reuters) - Aucune volonté de compromis ne semble voir le jour à Genève où les délégations syriennes ont réaffirmé lundi leurs positions les plus tranchées à l'approche de discussions sur l'avenir politique du pays et du président Bachar al Assad.

Les représentants de Damas ont présenté un document pouvant servir selon eux de base aux négociations, une "déclaration de principes" qui n'aborde pas la question de la transition et qui a été de ce fait immédiatement rejetée par l'opposition.

Les auteurs du document réaffirment, selon la télévision publique syrienne, que le régime politique relève du seul peuple syrien et qu'aucune formule ne peut être imposée de l'extérieur.

"La déclaration sort du cadre de Genève, qui porte sur la création d'un organe gouvernemental de transition. Elle n'aborde pas la question centrale", a déclaré le principal négociateur de l'opposition, Hadi al Bahra, à Reuters.

"Nous sommes là pour discuter du terrorisme, pas d'un transfert du pouvoir", a pour sa part répété le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Mekdad. Damas emploie le terme "terrorisme" pour désigner la rébellion anti-Assad.

Dimanche, Fayçal Mekdad avait esquissé un geste humanitaire afin de faire progresser les pourparlers, assurant que Damas était disposée à laisser les femmes et les enfants quitter immédiatement le centre de Homs, assiégé depuis des mois par les forces de Bachar al Assad.

TOUJOURS EN DISCUSSION

Mais lundi soir, les parties étaient toujours en train de discuter de la façon dont les femmes et les enfants pourraient être évacués de la vieille ville de Homs et la décision d'autoriser l'accès à un convoi humanitaire n'avait toujours pas été prise, a déclaré l'émissaire des Nations unies Lakhdar Brahimi.

Le diplomate algérien, qui a tenu une conférence de presse après avoir rencontré les deux parties, a déclaré qu'il y avait semble-t-il une volonté de poursuivre les négociations, mais qu'il ne s'attendait pas à un miracle mettant fin à près de trois années de guerre.

"Je vous ai dit hier qu'il y avait un accord du gouvernement pour que les femmes et les enfants puissent sortir de la vieille ville de Homs. Ils sont toujours en train de discuter de la façon dont ça peut être fait. Je crois que le gouvernement veut que cela se passe, mais ce n'est pas facile parce qu'il y a des tireurs et tout ce genre de problèmes", a déclaré Lakhdar Brahimi.

"Malheureusement, il n'y a pas d'accord sur un cessez-le-feu ni sur un allègement du niveau de violence pratiqué en Syrie", a-t-il ajouté.

Lakhdar Brahimi, qui a présidé samedi le premier face-à-face entre l'opposition et le régime syrien depuis le début du soulèvement anti-Assad en mars 2011, parie que des accords sur des points concrets permettront de créer un minimum de confiance entre les deux camps avant de basculer sur les questions politiques.

L'opposition affirme que 500 familles ont un besoin urgent de nourriture et de médicaments à Homs, l'un des premiers foyers de la contestation contre le régime en 2011.

BLOCUS

Les rebelles de la ville demandent une levée totale du blocus et les Etats-Unis l'entrée d'un convoi humanitaire dans la ville, pas simplement l'évacuation des femmes et enfants, qui "n'est pas suffisante", selon un communiqué d'un porte-parole du département d'Etat américain, Edgar Vasquez.

"La situation est désespérée et les gens sont en train de mourir de faim", a-t-il ajouté. Il n'est pas question, a-t-il dit, de forcer les gens de Homs à quitter leur domicile et à se séparer de leurs familles, pour recevoir de l'aide.

Les diplomates occidentaux soulignent qu'en l'absence de geste concret, Damas pourrait s'exposer à une nouvelle résolution du Conseil de sécurité à laquelle Moscou et Pékin seraient priés de ne pas opposer leur veto.

"La balle est toujours dans le camp du régime. On croit savoir qu'une note est partie à Damas pour demander des instructions", a déclaré un diplomate occidental.

Les délégués des deux camps, réunis depuis la semaine dernière au bord du lac Léman, ont également évoqué des libérations de prisonniers.

Sur cette question, Lakhdar Brahimi a indiqué que l'opposition avait soumis au régime une liste de 47.000 prisonniers et de 2.500 femmes et enfants dont elle réclame la libération. Elle s'est également engagée à fournir une liste des personnes détenues par les groupes rebelles, même si beaucoup de ces derniers ne reconnaissent pas l'autorité des négociateurs.

Fayçal Mekdad a déclaré que le gouvernement avait examiné la liste des 47.000 et qu'il était parvenu à la conclusion que la plupart de ces personnes n'avaient jamais été détenues ou qu'elles avaient été libérées. Il a nié la détention d'enfants.

Soulignant la difficulté de mettre en oeuvre des accords sur le terrain, l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), qui tente depuis une semaine d'acheminer des vivres dans le faubourg de Yarmouk, à la lisière sud de Damas, accuse les autorités syriennes d'entraver ses efforts malgré leurs promesses de collaboration. (Avec Erika Solomon et Tom Miles; Jean-Stéphane Brosse et Danielle Rouquié pour le service français)